Les consommateurs, dont le pouvoir d'achat est déjà très faible, doivent composer depuis quelque temps avec des prix du sucre au sommet. Pas mois de 100 DA sont nécessaires, depuis le début du mois de février, pour l'acquisition d'un kilogramme de sucre qui en valait auparavant entre 60 et 70 DA dans les commerces de détail. La flambée de cette denrée essentielle, voire indispensable, dans les foyers algériens augmentent les inquiétudes des citoyens qui craignent de voir cette situation perdurer. Du côté du ministère du Commerce, on impute cette hausse record du prix du sucre au renchérissement des cours sur les marchés internationaux. Une progression alarmante qui a été amorcée déjà en 2008, induisant une majoration de 112% des cours mondiaux de cette denrée entre 2008-2009. Depuis le début de 2010, la hausse persiste, se traduisant en Algérie, par un impact important sur les budgets des ménages mais aussi des professionnels, dont les pâtissiers et également les industriels de la filière des boissons par exemple. Il faut dire que dans notre pays, les chiffres de consommation de sucre sont très conséquents, puisque près de 1,2 million de tonnes sont écoulées sur le marché pour la consommation des particuliers et les différentes filières industrielles. L'Algérie a déboursé, en 2009, 600 millions de dollars pour l'importation de sucre, selon les chiffres donnés par le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub. Il se trouve qu'entre janvier et août 2009, les prix du sucre brut sur le marché mondial ont augmenté de 68%, alors que les prix du sucre blanc raffiné ont été relevés de 63%. Les raisons de ces flambées sont à rechercher du côté des pays producteurs, dont le Brésil, premier producteur et exportateur de sucre dans le monde qui a connu une baisse conséquente de sa production avec 2,1 millions de tonnes en moins à cause des intempéries – phénomène El Nino – et des nombreuses utilisations de la betterave et des terres agricoles pour la production des biocarburants. Des causes que l'on retrouve aussi dans d'autres pays producteurs et exportateurs comme la Thaïlande, second exportateur mondial, ou l'Inde, et qui affectent les importations de nombreux pays dans le monde dépendant de la production des principaux pays producteurs protégés en outre par l'OMC. Certaines estimations font état d'un déficit mondial en sucre de 4,2 millions de tonnes en 2009-2010, et d'un déficit de 8,8 millions de tonnes en 2008-2009. Cette année la récolte au Brésil touche à sa fin, et « même si les premiers chiffres montrent une meilleure production par rapport à l'année dernière, elle reste bien en deçà des attentes », préviennent des analystes du groupe bancaire allemand Commerzbank. De plus, le décalage de certaines récoltes à la prochaine saison et la fermeture d'usines de traitement de la canne à sucre au Brésil « laissent entrevoir une baisse de la production de sucre dans les semaines à venir, ce qui devrait pousser les cours à la hausse », ajoute Commerzbank cité par les agences de presse. Les cours du sucre avaient atteint il y a une quinzaine de jours leur record en 30 ans à New York, avec une cotation à 30,40 cents la livre. Sur le Liffe (London International Financial Futures and Options Exchange) de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mai valait par ailleurs 733,40 livres vendredi dernier contre 736,40 livres la tonne pour livraison en mars. Sur le NYBoT américain, la livre de sucre brut pour livraison en mai valait 26,49 cents contre 27,31 cents pour l'échéance de mars une semaine plus tôt.