Le groupe public Enasucre, avec ses 1200 travailleurs et ses trois filiales de Mostaganem, Guelma, Khemis Miliana et une unité de conditionnement à Zfizef, et des capacités de transformation de l'ordre de 200 000 t/an, a cédé la moitié de son potentiel. Au début des années 2000, il devait faire face à de sérieuses difficultés financières, si bien qu'il s'était retrouvé dans l'incapacité d'acheter la matière première (sucre roux). L'entreprise était sur la liste noire parce n'ayant pas respecté des engagements contractuels. Elle avait été condamnée par plusieurs tribunaux et une instance d'arbitrage de Londres ainsi que par l'association des sucriers. C'est à ce moment-là que le groupe agroalimentaire privé, Blanky, fut sollicité par le directoire de l'Enasucre pour assurer l'approvisionnement en sucre roux. Ce qui ne fut pas aisé du moment que le discrédit de l'Algérie était entamé sur le marché extérieur. Blanky réussira à convaincre une société américaine (PSI) d'acheter du sucre en son nom. Et c'est ainsi qu'il avait commencé à vendre du sucre roux à l'Enasucre. Mais au bout de la troisième opération d'importation, on lui avait mis les bâtons dans les roues, vu les intérêts qui étaient en jeu. Vers la fin 2001 et avec l'arrêt total de la production, le directoire de l'Enasucre avait alors opté en 2002 pour la formule des contrats de processing. Celui-ci consiste en le raffinage du sucre roux pour le compte d'importateurs de cette matière première. Dans le cadre de cette opération, 200 000 tonnes de sucre roux importées par des privés étaient partagées à parts égales entre les trois filiales du groupe. Le premier contrat avait été conclu, en 2002, avec le groupe LTC Alger concernant le raffinage de 200 000 tonnes avec une moyenne de 160 t/j. De 2003 à 2005, toujours dans le cadre du processing, le nouveau partenaire de l'Enasucre était le groupe Bit Blanky pour 220 000 tonnes. Il avait fallu à ce dernier injecter 320 millions de dinars afin d'acheter la pièce de rechange et changer le matériel défectueux. En redémarrant les trois usines, d'une moyenne de 80 t/j, la production était passée à 270 t/j par usine. Au bout de trois années d'activité, l'Enasucre commençait à renouer avec les bénéfices. Comme le matériel, même réparé, était vétuste et que la nécessité de gros investissements se faisait sentir, Blanky avait proposé de s'associer avec le groupe public. Au terme de plus de 8 mois de négociations, les deux parties avaient convenu d'un partenariat à hauteur de 70% des parts dans le capital de l'entreprise pour Blanky. Le Conseil des participations de l'Etat (CPE) l'avait approuvé et le pacte d'actionnariat avait été signé. Et pour finaliser l'opération, le partenaire privé attendra 6 mois sans résultat. Face au silence de ses interlocuteurs, il avait pris la décision de se retirer en 2005. En 2006, le groupe Enasucre reviendra alors à la formule du processing en signant un nouveau contrat de 200 000 tonnes avec le groupe privé Cevital. A la fin de 2006, le dossier de la privatisation sera relancé et la filiale Sorasucre de Guelma était la plus en vue. Des discussions avaient été engagées en hauts lieux pour décider finalement de sa cession au profit d'une société privée spécialisée dans les corps gras et basée à Aïn M'lila (Oum El Bouaghi). Par la résolution n°15/73 datant du 19 décembre 2006, le Conseil des participations de l'Etat avait, en effet, donné son accord pour la cession de Sorasucre au profit d'un investisseur privé, Sarl Prolipos, pour un coût de 1,5 milliard de dinars et payable en totalité à la signature du contrat de cession. Celle-ci avait pris effet le 11 avril 2007. Les deux autres unités de Khemis Miliana et Mostaganem sont proposées à la vente mais ne trouvent pas encore acquéreur.