Les projets de gabionnage le long des cours d'eau sont gelés en raison des restrictions budgétaires. Les nombreux cours d'eau qui traversent la wilaya de Bouira constituent une menace qui guette les personnes et les biens. Chaque année, des inondations et des débordements des oueds sont enregistrés un peu partout. En outre, les nombreuses demandes des citoyens et des APC réclamant la pose des gabions sur les bords des cours d'eau sont restées sans suite. Cette situation, qui perdure depuis des années, est le résultat du gel décidé par le gouvernement pour les nombreux projets de gabionnage et d'extension des réseaux d'assainissement déjà inscrits. La direction des ressources en eau (DRE), chargée de ce dossier, n'a enregistré aucune nouvelle opération de gabionnage depuis 2014. «La DRE a jusqu'ici réalisé 430 000 m3 de gabions sur plusieurs oueds de la wilaya. Les zones urbaines traversées par des cours d'eau ont été protégées avec des ouvrages en béton pouvant résister durant tout un siècle. Nous pouvons dire que tous les points noirs ont été éradiqués. Cependant, le risque zéro n'existe pas. Les oueds peuvent parfois déborder et causer des inondations», dira Habib Boulenouar, directeur des ressources en eau de Bouira. C'est ce qui s'est passé en novembre de l'année écoulée. Les niveaux des oueds de Bouamoud à Lakhdaria, au nord-ouest de Bouira, et l'oued Tiksiriden, dans la commune de Chorfa, à l'est, ont considérablement augmenté. Les crues ont failli même causer des dégâts. Par ailleurs, si la plupart des centres urbains de la wilaya sont plus ou moins protégés des inondations, les terres agricoles ne le sont pas encore. A titre d'exemple, l'oued Sahel, coulant entre les deux communes de Chorfa et Ath Mansour, avait connu de grandes inondations qui ont englouti des dizaines d'hectares de terres agricoles en 1974. Le lit de cette rivière s'étend actuellement sur des largeurs avoisinant les 300 m dans certains endroits. Ces dernières années, des propriétaires de terrains emportés par les eaux tentent de les récupérer en les cultivant. Cependant, le risque de nouvelles crues est omniprésent. Les quelques gabions installés ici et là ne sont pas suffisants pour prévenir contre le danger. Les risques sont amplifiés aussi par les dépôts anarchiques de grandes quantités de détritus et matériaux de construction dans l'oued Sahel. Le cours naturel des eaux de cette rivière, qui est souvent détourné, menace de déborder sur les champs. L'oued Iwaquren, séparant les deux commues de M'Chedallah et Chorfa, ne fait pas exception. En l'absence de gabions, les crues ne cessent de causer l'érosion des terres agricoles sur les deux berges de l'oued. Dans la commune de Bechloul, à une vingtaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de wilaya, c'est la zone d'activités communale (ZAC) qui est menacée de disparaître. Et pour cause, la ZAC a été érigée au point de confluence des deux rivières, Tighzert et Ziane, connues pourtant pour leurs dangereuses crues. Par ailleurs, le DRE de Bouira espère un dégel des projets de son secteur dans le courant de cette année. «Nous attendons des pouvoirs publics un budget de 1,6 milliard de dinars pour réaliser des projets de gabionnage et d'extension des réseaux d'assainissement dans plusieurs localités de la wilaya». L'autre problème qui affecte tous les oueds de la wilaya et qui pourrait avoir des conséquences sur la santé publique est la pollution. Eaux usées, rejets industriels, margines et autres matières dangereuses finissent toutes leur course dans les oueds.