La population de plusieurs quartiers de la ville de Médéa et autres localités de la wilaya continue de souffrir le martyre pour s'alimenter en eau potable, surtout durant la saison estivale, excepté celle parmi une vingtaine de communes qui a bénéficié du bienfait du raccordement à partir du gigantesque barrage de Koudiet Asserdoun (wilaya de Bouïra), distant de 190 km, où la distribution de ce précieux liquide s'est nettement améliorée. Au niveau du chef-lieu de wilaya, dont les projets de renforcement de l'approvisionnement tardent à se concrétiser, ces retards n'ont pas manqué de pénaliser les ménages en ce produit vital, qui est devenu avec le temps très rare à Médéa et ses environs, accusant un grand déficit dépassant plus de 10 000 m3/ jour. Les robinets, disent les citoyens, restent à sec durant plus d'une semaine et les plus chanceux sont soumis à un rationnement très strict avec un débit trop faible ne pouvant remplir quelques récipients pour l'usage de la cuisine. Le siège de l'unité de distribution de l'ADE ne désemplit pas quotidiennement de contestataires. Le directeur de l'unité ADE de Médéa, Mohamed Menaï, regrette infiniment ces perturbations, qui causent des désagréments fâcheux aux habitants. «Elles sont indépendantes de la bonne volonté des cadres et du personnel de l'entreprise de distribution, qui se dévoue dans l'intérêt des clients», dit-il. Il précise par ailleurs que «ce phénomène embarrassant est dû au manque de produit provenant essentiellement de la station d'adduction du barrage Grib de Aïn Defla et aussi de la baisse sensible des réserves d'eau au niveau de la station de pompage située au niveau des gorges de la Chiffa». Des projets datant des années 1970 sont largement dépassés par les facteurs de la croissance démographique et l'impressionnante extension de la cité millénaire d'antan. Les autres sources de production (petits forages et sources naturelles) restent insignifiants et ne représentent que 2% des 22 000 m3 de la production journalière globale que reçoit la ville de Médéa et ses environs. Alors que les besoins estimés aujourd'hui sont de plus 35 000 m3 pour une distribution quotidienne correcte et sans coupure trop longue. Ces faits cités, dit-il, sont souvent en déperdition et sont subordonnées aux conditions climatiques de la pluviométrie de la saison hivernale qui précède l'année. Aussi, il faut ajouter à cela, mentionne-t-il, les pannes techniques dues aux coupures d' électricité, qui se produisent le plus souvent au niveau des armoires d'alimentation en énergie provoquées par les fortes chaleurs caniculaires de l'été et qui accentuent encore en cette période les perturbations récurrentes du pompage d'eau potable. Cette pénible et intenable situation a contraint les ménages à se rabattre sur les colporteurs d'eau pour se procurer ce précieux liquide indispensable à la vie et la santé de l'individu. Une citerne d'eau d'une capacité de 3000 litres coûte cette année de 1300 DA à 1500 DA. Un prix qui n'est pas à la portée de tout le monde évidemment, surtout lorsqu'il s'agit de familles nombreuses, ce qui nécessite des achats réguliers, alors faisons l'addition à la fin du mois. Les citernes poussent comme des champignons Aussi, cette pénurie a poussé les ménages à faire des dépenses supplémentaires en se dotant, au grand bonheur des ferronniers, de citernes installées sur les terrasses des immeubles, où elles sont devenues plus nombreuses que les paraboles. Mais comme dit le dicton, le malheur des uns fait bien le bonheur des autres. C'est une aubaine pour ce nouveau commerce qui a pris de l'ampleur ces derniers temps à Médéa pour satisfaire les nombreuses demandes. Les tracteurs remorquant des citernes devront faire plusieurs rotations par jour pour satisfaire les commandes sans pour cela vous garantir la provenance et les conditions d'hygiène de cette eau qui, parfois, est transportée dans des citernes douteuses et rouillées. Le consommateur n'a pas d'autre choix, il doit se fier à la confiance de son livreur habituel. Pour d'autres gens manquant de moyens financiers, ils ne se permettent pas ce luxe et doivent compter sur leurs bras pour s'approvisionner. La tâche est confiée la plupart du temps aux enfants qui ne cessent de faire des va-et-vient entre les fontaines et la maison, en ahanant sur les sentiers caillouteux et les pentes accentuées par le poids du jerrican transporté sur le dos par ces corps frêles. Sitôt la provision d'eau transvasée dans un fût pour constituer la réserve du jour, il leur faut repartir à la fontaine, encore et encore une autre fois, une corvée insupportable pour ces gamins qui n'ont plus de répit pour jouer et se consacrer à leurs jeux préférés. Heureusement que la bonté, la générosité et la bénédiction des propriétaires de puits ont prévalu, en facilitant et aidant énormément les ménages dépourvus d'eau à s'approvisionner en quantité voulue en toute quiétude à partir des multiples fontaines qui ont été installées et se trouvant sur les voies publiques devant les domiciles au niveau de plusieurs quartiers de la cité, permettant ainsi la disponibilité et l'accessibilité de ce précieux liquide à la portée de tout le monde sans exception jour et nuit afin d'étancher. En attendant des jours meilleurs, la population de Médéa et ses environs devra se démener comme elle peut pour se ravitailler en eau. On vient d'apprendre qu'une réunion a été programmée à l'APW de Médéa, qui doit regrouper tous les responsables concernés, afin d'examiner la situation explosive et tendue qui prévaut dans certaines localités de la wilaya et les mesures évidemment à prendre en urgence pour pallier ces insuffisances.