La ville de Médéa et les localités environnantes ont connu depuis les intempéries du mois de janvier dernier une multitude de perturbations en eau potable, plongeant la quasi-totalité des quartiers dans des pénuries prolongées. Cela s'expliquait dûment en cette période pluviale, où des pannes répétées ont endommagé la tuyauterie alimentant la ville à partir du barrage de Ghrib, elles sont dues aux glissements de terrains provoqués par les abondantes chutes de neige et de pluie. Mais quand ces perturbations persistent deux mois seulement après la remise en état du réseau de distribution, les choses deviennent préoccupantes et sérieuses. Car la situation ne semble guère s'améliorer et les ménages s'inquiètent énormément de la rareté de cette denrée aussi vitale qu'indispensable. En ce moment, la distribution se fait au strict minimum, à raison d'une où deux heures tous les trois jours, avec un débit dérisoire, nettement en deçà des besoins quotidiens des familles, et ne permettant même pas de remplir une bassine d'eau. Pour preuve, le bureau du service des réclamations (CATO) de la direction de l'ADE ne désemplit pas de monde du matin au soir. Les gens s'y rendent pour s'informer et réclamer un approvisionnement conséquent et équitable entre tous les foyers des quartiers, que ce soit ceux situés au bas des pentes ou ceux des sommets. Le même problème se pose pour les habitants des immeubles.
On craint déjà l'été Si la situation s'est aggravée en plein hiver, où le barrage est bien rempli, qu'adviendra-t-il alors en période des grandes chaleurs !, se demande-t-on. «Et dire qu'on n'est pas sortis de l'auberge des pénuries récurrentes à longueur d'année», commente un citoyen. Les habitants du chef-lieu de wilaya et ses environs éprouvent d'énormes difficultés pour s'approvisionner en eau potable. Cette rareté est devenue un souci majeur pour eux. Facile à dire, mais insupportable à vivre, pour ces chefs de famille, qui n'ont pas d'autre choix que d'acheter l'eau chez les colporteurs, à 1500 DA la citerne de 3000 litres, ou alors d'envoyer leurs chérubins remplir quotidiennement des jerricans et des bidons au niveau de différentes fontaines à travers les venelles de la cité, installées par de généreux propriétaires de puits pour subvenir aux besoins journaliers des ménages. Ces familles devront prendre leur mal en patience pour cette pénible et infernale corvée. Le directeur de l'ADE, Mohamed Menaï, reconnaît qu'effectivement il y a «un déficit de plus de15000 m3/jour d'eau potable pour alimenter correctement la cité, car les 18 000 m3 d'eau mobilisés journellement n'arrivent plus à satisfaire les besoins croissants d'une population, dont le nombre a triplé ces dernières décennies, et ce, alors que la quantité d'eau pompée à partir de la station de La Chiffa et du barrage de Grib, projets datant des années 1970, n'a pas, depuis, évolué d'un iota». Il a aussi mis en cause la vétusté des équipements de pompage au niveau des deux principales stations. Il a promis que la situation va connaître prochainement une amélioration, avec notamment la réhabilitation et le renouvellement des équipements de pompage au niveau de la station du barrage Ghrib et celle de La Chiffa en vue d'augmenter leurs capacités de pompage. Aussi, souligne-t-il, un bureau d'études qualifié a été engagé pour proposer à l'ADE un plan de distribution équitable afin d'éviter ces inégalités des quotas entre tous les îlots d'habitation, en installant de nouvelles vannes de régulation. En attendant, les citoyens n'ont pas d'autre choix que de s'armer de patience et de rationaliser leur consommation d'une denrée vitale qui se raréfie au fil des ans.