«En essayant de convaincre son opinion qu'il peut à la fois adhérer à l'UA et en exclure la République arabe sahraouie démocratique (RASD), le roi Mohammed VI cherche en réalité à faire oublier l'échec cuisant de sa décision d'expulser la composante civile et politique de la Minurso. Une décision qu'il a pourtant présentée comme étant souveraine et irrévocable», a expliqué hier Mohamed Salem Ould Salek, ministre sahraoui des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse animée au siège de l'ambassade de la RASD à Alger. Le chef de la diplomatie sahraouie, dont la conférence de presse était justement destinée à expliquer les dessous de l'agitation marocaine, a, par ailleurs, qualifié de «mensonge» l'affirmation selon laquelle Rabat est soutenu dans son projet d'exclure la RASD de l'Union africaine par 28 pays. «A l'heure où je vous parle, seuls quatre pays, dont le Sénégal, le Gabon et la Côte d'Ivoire, se sont rangés derrière le Maroc. La position de ces pays n'est d'ailleurs pas une surprise pour nous», a soutenu Mohamed Salem Ould Salek, ajoutant que «les Etats membres de l'organisation panafricaine se sont dits favorables à l'adhésion de Maroc à l'UA à la condition par contre que ce pays y siège aux côtés de la RASD et qu'il s'engage à respecter les résolutions et les principes fondateurs de l'UA parmi lesquels ceux évoquant l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation et le rejet de la colonisation». Pour le ministre sahraoui des Affaires étrangères, l'idée que le Maroc puisse dicter sa loi sur le continent africain ou éventuellement au sein de l'Union africaine est tout simplement saugrenue. En guise d'argument, il a rappelé que le roi Mohammed VI n'a pas pu se rendre à Kigali pour assister au 27e Sommet de l'UA où il escomptait prononcer un discours et annoncer l'intention de son pays d'adhérer à l'Union africaine. C'est d'ailleurs, mentionne-t-il, à la sauvette que certains diplomates marocains ont dû distribuer le discours en question. Selon le chef de la diplomatie sahraouie, l'objectif de la manœuvre marocaine est clair : elle vise à faire gagner du temps au makhzen au double plan interne et externe, étant donné qu'il a collectionné ces derniers temps les défaites diplomatiques (rejet de son plan d'autonomie, remise en cause de l'accord agricole Maroc-UE, retour sur sa décision d'exclure les composantes civiles et politiques de la Minurso, mobilisation des organisations des droits humains contre les violations massives des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés illégalement, etc.). «Face à toutes ces défaites, le Maroc est pris de panique», a-t-il dit. Enumérant les conditions que doit satisfaire tout postulant à une adhésion à l'UA, Mohamed Salem Ould Salek a signalé que c'est avec le même discours, les mêmes procédés et les mêmes pays que le roi Mohammed VI a voulu rééditer à Kigali ce que son père, le roi Hassan II, avait voulu faire au Sommet de l'OUA de Ouagadougou en 1998, c'est-à-dire tenter d'adhérer à l'UA tout en essayant d'obtenir la suspension ou l'exclusion de la RASD. On le constate bien, pour le Maroc l'histoire s'est répétée, l'échec aussi.