Le Front Polisario et le gouvernement de la République sahraouie n'accordent pas beaucoup d'importance à la demande du Maroc d'adhérer à l'Union africaine (UA), faite dans le sillage du dernier sommet de l'union, tenu à Kigali (Rwanda), ni ne s'inquiètent des démarches du royaume visant l'exclusion du Sahara occidental de l'organisation panafricaine. «C'est une manœuvre qui vise à gagner du temps est qui est vouée à l'échec comme toutes les manœuvres précédentes», a déclaré, hier à Alger, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek. Lors d'une conférence de presse animée au siège de l'ambassade de la Rasd, le chef de la diplomatie sahraouie estime même que la demande du Maroc d'adhérer à l'UA a peu de chance d'aboutir en raison de violation, par le makhzen, des principes fondamentaux de l'organisation, notamment le respect des frontières héritées du colonialisme. «Il est difficile que le Maroc soit accepté dans l'organisation parce qu'il ne respecte pas ses principes comme celui des frontières héritées du colonialisme», a lancé le conférencier, qui rappelle que l'Afrique du Sud, alors sous le régime de l'apartheid, n'a pas été acceptée comme membre de l'organisation panafricaine. L'orateur n'a pas hésité à comparer la politique du royaume chérifien qui veut exclure la Rasd de l'Union africaine à celle d'Israël qui œuvre afin d'empêcher la Palestine de devenir membre de l'ONU. Quant à la demande du Maroc relative au retrait de la République sahraouie de l'UA, Ould Salek ne la prend pas au sérieux. Il accuse le royaume d'avoir fait dans le mensonge et les contre- vérités en affirmant que 28 pays, membres de l'UA, ont signé une motion pour l'exclusion de la Rasd. «En réalité, le nombre de pays qui soutiennent le Maroc peuvent se compter sur les doigts d'une seule main», a-t-il affirmé, en rappelant des initiatives similaires prises par le Maroc par le passé. Il citera un scénario similaire à l'occasion du sommet de Ouagadougou en 1998. Pour lui, le nouveau scénario et la nouvelle manœuvre du Maroc échoueront, soulignant que l'adhésion obéit à un long processus. Il accuse le Maroc, à travers cette manœuvre, de vouloir diviser l'Afrique. Il estime que le royaume a exprimé sa volonté d'adhérer à l'UA pour gagner du temps sur le double plan interne et externe. Ainsi, à travers sa manœuvre, explique le conférencier, le Maroc veut camoufler son recul sur «une décision souveraine et irrévocable» relative à l'expulsion de la composante politique et administrative de la Minurso, le rejet de son initiative de l'autonomie du Sahara occidental, sa confrontation ouverte avec l'ONU et ses problèmes avec les organisations internationales de défense des droits de l'homme. En tout cas, ces assurances des responsables sahraouis contrastent avec les affirmations des officiels marocains. Le ministre des Affaires étrangères du royaume, Salaheddine Mezouar, a affirmé que le retour de son pays à l'organisation est une affaire de temps, ajoutant que l'exclusion de la République sahraouie est aussi une question de temps. La demande du Maroc est déjà rejetée par plusieurs pays africains, dont l'Algérie, dont les diplomates et le Premier ministre ont catégoriquement réfuté les conditions marocaines.