La récente décision du royaume du Maroc d'adhérer à l'Union africaine n'est rien d'autre qu'une "manœuvre nouvelle-ancienne visant à gagner du temps aux niveaux international et intérieur". C'est ce qu'a déclaré, hier, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, tout au début de sa conférence de presse, tenue à l'ambassade de la République sahraouie (Rasd) à Alger. Dans ce cadre, ce dernier citera les nombreuses tentatives de Rabat pour détourner le processus de décolonisation au Sahara occidental de son cours normal, notamment celles où l'occupant s'est rétracté et a "échoué", telle la remise en cause de la "décision politique" marocaine d'expulser le personnel de la Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental (Minurso), le refus du "plan d'autonomie" qui est "complètement dépassé maintenant", la "confrontation" avec l'ONU après une tentative d'abandon du plan de paix onusien de 1991 et la dénonciation, par les ONG internationales des droits de l'Homme, des "crimes de guerre et crimes contre l'humanité" commis contre le peuple sahraoui, ainsi que la bataille engagée aux niveaux "régional et continental" autour d'accords de coopération contestant l'idée de souveraineté marocaine dans l'ancienne colonie espagnole. Pour le chef de la diplomatie sahraouie, "tous ces échecs et toutes ces défaites" ont poussé, aujourd'hui, l'occupant marocain à recourir aux "anciennes manœuvres", afin de porter préjudice à la Rasd, comme cela s'est déjà passé en 1998, lors du sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) à Ouagadougou (Burkina Faso), avec la complicité du Gabon et du Sénégal. "Si le Maroc veut adhérer à l'UA, il doit respecter son acte constitutif, ses principes et ses fondements, et respecter les frontières héritées de la colonisation", a souligné M. Ould Salek, émettant des doutes quant aux véritables intentions du Maroc, avant de constater que ce pays "est rattrapé par le temps". Autre révélation faite par ce dernier : le tapage fait autour de la "réintégration" du Maroc au sein de l'organisation africaine renferme "des mensonges et des falsifications", semant ainsi "la confusion sur le nombre de pays qui soutiennent l'initiative de Rabat". Parmi les pays cités par le Maroc, il faut distinguer 3 groupes : les pays qui n'ont pas signé la motion de "réintégration" du Maroc, "les pays qui ne sont pas défavorables à l'adhésion du Maroc au sein de l'UA et qui tiennent à la présence de la Rasd, et enfin les pays, qui se comptent sur les doigts de la main et qui sont connus, qui soutiennent la vision marocaine, à l'exemple du Sénégal, du Gabon et de la Côte d'Ivoire". Plus loin, le MAE sahraoui a révélé que "le Maroc est dans de beaux draps". "C'est la fin de l'occupation (marocaine, ndlr) et c'est la fin des mensonges et des falsifications", dira-t-il, avant de rappeler que le roi du Maroc, Mohammed VI, censé "venir" au dernier sommet de l'Union africaine, qui s'est tenu du 10 au 18 juillet à Kigali (Rwanda), pour lire son discours, "n'a rien fait", que ses émissaires "sont restés dans les coulisses" et que "même le Gabon n'a présenté aucune déclaration, comme annoncé par le Maroc". D'après le conférencier, le Maroc ne veut, ni plus ni moins, que "l'émiettement de l'Afrique et l'éclatement de l'Union africaine". Lors du débat, le chef de la diplomatie de la Rasd a observé que le voisin de l'Ouest "se comporte comme Israël" sans avoir "le poids d'Israël (ni) le soutien dont dispose ce pays", en violant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance, en réprimant les populations civiles des territoires sahraouis occupés et en refusant de respecter les frontières de l'ère coloniale. Il assurera enfin qu'"il n'y aura pas de discorde au sein de l'UA", tout en espérant que les 17 ans de règne de M6 mèneront le roi à "la même conclusion" que son père, Hassan II, lequel avait "fini par opter pour la paix". Hafida Ameyar