L'augmentation de la production agricole dépend aussi bien du taux de pluviométrie que des efforts et les moyens mobilisés par les paysans. Pourtant, ce n'est guère la ressource hydrique qui fait défaut dans la région. Selon la direction locale des services agricoles (DSA), la wilaya compte trois barrages d'irrigation d'une capacité d'emmagasinement de 7,9 millions de m3 et une vingtaine de retenues collinaires. Cela en sus de 224 forages et 1296 puits. Néanmoins, ce potentiel est sous-exploité. Les barrages de Sidi Daoud, Naciria et Cap Djinet ne sont toujours pas dotés de conduites d'irrigation et de stations de pompage, alors que la plupart des retenues collinaires sont envasées et ne contiennent plus d'eau. La DSA fait état de 20 023 ha qui sont arrosés à partir des sources susmentionnées, soit 1/3 de la surface agricole utile que recèle la wilaya. Or, la réalité est tout autre. La superficie de céréales irriguées en 2015 ne dépassait pas 210 ha, soit 26% de l'objectif tracé. A Boudouaou El Bahri, une localité leader dans les cultures maraîchères, les agriculteurs arrosent leurs champs à tour de rôle avec le système du goutte-à-goutte à partir de petits forages creusés avec leurs propres moyens et après une de longues «batailles» avec les services de l'hydraulique. «Notre commune compte plus de 4000 serres. C'est nous qui approvisionnons les marchés de gros de la région en produits maraîchers. Si nous avions suffisamment d'eau, nous pouvions accroître le rendement de moitié», dira un membre d'une exploitation agricole collective (EAC). A en croire cet agriculteur, les vastes champs de la région étaient irrigués pendant longtemps à partir des barrages d'El Hamiz et du lac de Réghaïa. «Les conduites passent sous nos terres, mais elles sont corrodées et n'ont pas fonctionné depuis plus de 20 ans. Cela fait cinq ans qu'on nous a promis de les rénover. Depuis, on n'a rien vu venir. A chaque fois qu'on proteste, on nous dit que le projet est en cours d'étude», déplore-t-il, ajoutant que le problème du manque d'eau se pose avec acuité dès l'entame de la saison estivale. A Naciria, le nombre d'agriculteurs qui utilisent les eaux du barrage de Boumraou se comptent sur les doigts d'une main. «Pour le moment, cet ouvrage n'est bénéfique que pour les exploitants des terres alentours. La direction de l'hydraulique a rénové une partie du réseau d'irrigation il y a plus de 10 ans, mais on ne l'a pas mise en service à cause des fuites signalées lors des premiers essais», regrette un aviculteur, qui impute ces anomalies à l'absence de réducteurs de pression le long du réseau installé en aval de l'ouvrage. Ce genre de problèmes est relevé également au niveau des barrages de Sidi Daoud et Cap Djenet qui ne profitent qu'à une poignée d'agriculteurs en raison des retards mis pour la rénovation des conduites d'irrigation, des stations de pompage et des transformateurs saccagés par les groupes terroristes durant la décennie noire.