80% de la surface agricole utile sont arrosées grâce aux eaux pluviales. L'irrigation demeure le parent pauvre du secteur agricole dans la wilaya de Boumerdès. Plus de 80% de la surface agricole utile que recèle la région, estimée à 60 799 ha, sont arrosés grâce aux eaux pluviales. Les retenues collinaires et les barrages hydrauliques réalisés par l'Etat dans le but d'accroitre la production agricole n'ont pas été d'un grand secours pour les agriculteurs. La wilaya compte 45 retenues collinaires, mais rares sont celles qui contiennent de l'eau. À en croire le président de la chambre d'agriculture, 24 d'entre elles sont envasées et embourbées depuis plusieurs années, mais les services concernés n'ont rien fait pour les écurer et permettre aux fellahs d'irriguer leurs champs. Même les trois barrages que compte la wilaya sont sous-exploités pour des raisons liées principalement à l'absence de matériels et de réseaux d'irrigation. «Cela fait dix ans qu'on nous incite à moderniser les techniques de production alors que la tutelle n'a, en réalité, pas entrepris grand-chose pour atteindre cet objectif», dit un viticulteur des Issers. La wilaya compte aussi 224 forages et 1296 puits qui servent à l'irrigation d'une surface 4744 ha. Mais les agriculteurs de la région sont unanimes à dire que c'est la gestion défaillante des barrages d'eau des localités de Sidi Daoud, Naciria et Cap Djenet qui les préoccupe le plus. Leur capacité d'emmagasinement est estimée à 7,9 millions hm3. Cependant rares sont les paysans qui en tirent profit car les trois ouvrages ne sont pas dotés de pompes et de transformateurs. Les réseaux installés pour irriguer les terres agricoles des alentours sont corrodés depuis plusieurs années, comme c'est le cas pour celui de Sidi Daoud, d'une capacité de 3,7 millions m3. «Les équipements mis en place après la mise en service du barrage en 1969 ont été saccagés par les groupes terroristes durant la décennie noire, et ils n'ont pas été renouvelés à ce jour», relève un paysan. Selon lui, le problème est dû aux changements successifs du mode de gestion de ces ressources hydriques. Les conduites d'irrigation corrodées Au début, ces barrages étaient gérés par l'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) avant d'être confiés en 1996 à l'Office des périmètres irrigués de Baghlia (OPIB) en 1996 lequel a été dissout en 2005 suite à l'accumulation de dettes. Cinq ans après, la direction de l'hydraulique décide d'impliquer les paysans. Ces derniers avaient créé une association de wilaya des irrigants et deux autres associations pour l'exploitation des eaux des barrages de Naciria et Cap Djenet. Mais leur objectif est loin d'être atteint en raison des retards mis pour la rénovation des réseaux d'irrigation et l'aménagement des pistes. Aujourd'hui, les directions de l'hydraulique et de l'agriculture sont appelées surtout à remédier au problème des fuites signalées sur la conduite du barrage de Naciria, rénovée en 2010 sans l'installation des réducteurs de pression. Les difficultés qu'éprouvent les agriculteurs dans ce domaine sont aggravées par la pollution des forages, notamment ceux qui se trouvent dans la région de Sébaou, à cause du pillage de sable. À en croire les fellahs, ce phénomène serait à l'origine même de l'avancée de l'eau salée de la mer vers les terres côtières et la contamination des eaux de la nappe phréatique, ce qui empêche leur utilisation dans l'irrigation. Il faut dire que même la réutilisation des eaux conventionnelles n'est pas vulgarisée. La wilaya ne compte pour l'instant que deux paysans qui irriguent leurs vergers (100 ha) par les eaux de la station d'épuration se trouvant à Oued Tatareg, à Boumerdès.