Sur les 45 retenues collinaires réalisées dans la wilaya de Boumerdès, seules une dizaine sont utilisées par les agriculteurs. L'irrigation dépend en grande partie des eaux pluviales. Le secteur de l'agriculture manque d'eau dans la wilaya de Boumerdès. Le développement de ce secteur névralgique dépend toujours des eaux pluviales. Et pour cause, les retenues collinaires et les barrages d'irrigation qui ont été réalisés pour remédier aux problèmes du manque d'eau sont pratiquement tous sous-exploités. L'état dans lequel se trouvent ces ouvrages démontre que les objectifs de modernisation de l'agriculture tracés par la tutelle, sont loin d'être atteints dans cette région à vocation agricole. Les difficultés auxquelles font face les fellahs pour arroser leurs champs contredisent totalement les chiffres avancés par les responsables en charge de la gestion des ressources hydriques dans la wilaya, lesquels font état de l'existence de 298 forages et 1540 puits. Ces derniers sont exploités dans l'irrigation. Ainsi, parmi les 45 retenues collinaires qui y ont été réalisées, seules une dizaine d'entre elles seraient « utilisées » par les agriculteurs aujourd'hui. Certaines comme celles des communes de Chaâbet El Ameur et des Issers sont envasées et embourbées et ne contiennent pas suffisamment d'eau, alors que d'autres sont devenues inaccessibles. Outre cela, les trois barrages d'irrigation (d'une capacité d'emmagasinage de 7,9 hm3) dont dispose cette wilaya, en l'occurrence ceux de Naciria, Sidi Daoud et Cap Djinet ne sont pas d'un grand apport pour les agriculteurs. Les réseaux qui y ont installés pour irriguer les terres agricoles des alentours sont corrodés depuis plusieurs années. Les équipements mis en place dans le but d'aider les paysans des communes concernées d'accroître leur rendement, sont tous inopérants. Certains, à l'instar de la station de pompage du barrage de Sidi Daoud et le transformateur de celui de Cap Djinet sont saccagés par les groupes terroristes au début de la décennie noire. Alors que d'autres, à l'instar des stations de pompage de Cap Djinet, sont très vétustes. Aujourd'hui, l'eau de ces ouvrages n'est utilisée que par les propriétaires des parcelles riveraines. Celui de Sidi Daoud est devenu inaccessible en raison de la dégradation des axes routiers y menant. Les mêmes carences ont été relevées également au niveau du barrage de la commune de Naciria, d'une capacité de 1,38 hm3. Là, le réseau destiné pour l'irrigation de 500 hectares de terres agricoles n'est pas encore mis en service. La direction des services agricoles a rénové une partie, mais celle-ci n'est pas encore réceptionnée en raison des fuites signalées lors des premiers essais. En sus de cela, les agriculteurs se plaignent de l'absence de station de pompage en amont du barrage et des retards mis par la DSA à installer les réducteurs de pression pour remédier au problème des fuites à l'avenir. Certains responsables proches du secteur soulignent que la gestion de ces barrages est une mission très délicate. Elle a été confiée, dans un premier temps, à l'Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) puis à l'Office des périmètres irrigués de Baghlia en 1996. Mais ce dernier a été dissout en 2005 suite à l'accumulation des dettes et la cessation d'activités. Face à cette situation, les services concernés ont décidé, en guise de solution, de faire participer les agriculteurs dans l'exploitation de l'eau de ses ouvrages. C'est ainsi qu'il a été décidé de ne rien entreprendre sans leur implication à travers la création d'associations d'irrigants. Mais, ces derniers se montrent peu intéressés par cette solution qui est devenue désormais une condition sine qua non pour la satisfaction de leurs revendications. « Pour le moment il n'y a qu'une seule association qui a été créée à Naciria, mais elle n'a rien entrepris puisque le réseau rénové par la Kanagaz n'est pas encore mis en service », notent nos sources, qui précisent que « l'eau des barrages en question a été concédée récemment pour la chambre de l'agriculture qui s'est engagée à la gérer de manière rationnelle ». Il est utile de noter enfin que la direction de l'hydraulique a proposé l'étude et la réalisation de 12 nouvelles retenues collinaires au terme du programme quinquennal en cours. Ces propositions ont été faites, selon nos sources, sur la base des engagements pris par les agriculteurs des communes qui vont en bénéficier.