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Akim El Sikameya. Chanteur : « Se libérer sans perdre son âme »
Publié dans El Watan le 20 - 02 - 2010

Coup de cœur des festivals Womad de Peter Gabriel en 2006, sa carrière désormais mondiale, demeure méconnue en Algérie.
Avant d'entamer votre carrière de chanteur soliste, vous avez étiez à Nassim El Andalous d'Oran ?
Une longue et belle période où, vêtu de mon costume bleu, de ma chemise blanche et de ma cravate, je me tenais assis bien droit, face à un auditoire aussi sage que moi. Il y a longtemps que j'ai pris mon envol et même si j'ai rangé ce sobre habit de mon institution, j'en ai revêtu pour toujours son esprit de rigueur et sa philosophie. L'aura de mon défunt maître, Amine Mesli, son savoir, sa modestie et sa sagesse continueront de m'accompagner. Maître Mesli m'impressionnait par sa mémoire prodigieuse, sa connaissance des textes et ses nuances de style étaient d'une étendue impressionnante. Il avait redonné une âme à son école en lui faisant adopter un son spécifique, le son « Nassim », ce qui permet de distinguer Nassim El Andalous des autres institutions.
Parallèlement à ma formation à Nassim El Andalous, je mettais en pratique mes acquisitions au sein de l'orchestre de mon collège, le collège Montesquieu où nous formions un groupe mixte, très uni et fortement encouragé par notre obtention du premier prix inter-collèges. J'y ai connu mes premières représentations sur scène et l'expérience unique d'avoir écumé les scènes et sillonné le pays durant des années, tout au long de ma scolarité. Cette complémentarité de ma formation musicale et de mon évolution au sein d'un véritable orchestre, dès ma classe de 6e, n'a pu être réalisée que grâce au labeur de la directrice de l'établissement, Mme Benabdji qui, en plus de sa noble et lourde mission de transmettre le savoir et l'éducation, œuvrait pour le maintien du flambeau de l'héritage arabo-andalou.
Après le collège, j'ai poursuivi ma scolarité au lycée El Khawarizmi (Savignon) et ai intégré les orchestres des lycées et je me souviens de mon premier gros concert au festival de Tlemcen en 1983. Mes aînés me préconisaient de chanter dans les graves, refusant d'admettre que j'avais une voix haute-contre, très rare chez les hommes. Maintenant, l'eau a coulé sous les ponts et ça m'amuse d'y penser. J'ai ensuite fondé le groupe El Meya, ce qui m'a valu une convocation au conseil de discipline pour avoir créé un groupe qui chantait l'arabo-andalou de façon moderne, le chant marocain et le raï ! C'était néanmoins une très belle période riche en enseignements.
Très souvent, lorsqu'on vous parle de votre style de musique, vous citez plein de références que vous englobez dans le titre générique de « Musique du monde ». Que pouvez-vous dire à ce sujet ?
Tout à fait exact, je me retrouve dans le style « Musique du monde », c'est un générique que donnent les vendeurs de magasins pour classer les CD ! Tout ce qui n'est pas variété française ou anglo-saxonne est classé dans « Musique du monde ». C'est une appellation que je trouve un peu méprisante et réductrice dans la mesure où elle désigne, globalement, les cultures autres qu'occidentales. C'est un peu le fantasme de l'exotisme et de l'exotique, et ça donne bonne conscience. Une star mexicaine, qui chante en espagnol et qui vend des millions d'exemplaires dans son pays, est considérée comme de la variété mais, en France, on le considère comme chanteur de world. Quelle aberration ! Ma musique embrasse diverses influences solidement ancrées dans la tradition arabo-andalouse qui reste ma structure de base, tant sur le plan cognitif, technique que culturel. C'est au gré de mes écoutes, de mes coups de cœur, de mon inspiration que j'apporte divers sons et influences dans mes compositions musicales, sans me soucier de l'appellation ni du classement que l'on pourrait leur attribuer. Toutefois, à la sortie de mon 2e album en 2006, j'ai été le coup de cœur des festivals Womad de Peter Gabriel et les festivals de World musique itinérants.
Ça veut dire quoi « Musique du monde » dans la voix de Akim El Sikameya ?
Ce concept global où ma musique se trouve classée ne reflète, à mon sens, qu'une carte géographique dans la mesure où il s'agit de musiques ayant une attache régionale. Je ne suis satisfait de ce classement que pour les fondations arabo-andalouses de ma musique, et non pour celles qui, métissées, ne sont pas spécifiques à une région donnée, car elles comportent des courants musicaux ayant pris naissance dans d'autres régions du monde mais aussi des courants musicaux universels et non rattachés à une région.
De l'andalou à « Musique du monde », n'est-ce pas là un trop grand écart ?
En effet, les voyages et les migrations ont influencé cette musique ancestrale mais, si on regarde bien l'histoire, finalement, il y a du monde dans la musique andalouse, partie de la cour des Abbassides, influencée par les Perses et les Grecs, vers la cour des Omeyyades, encore influencée par l'apport des autochtones ibériques et des berbères et enfin les Ottomans… Toutes ces civilisations l'ont nourrie et enrichie d'influences diverses. De ce fait, elle aurait pu, à une époque antérieure, et selon ce principe de classement, être dans « Musique du monde ».
On nous parle souvent de la culture reçue en héritage et celle qu'on acquiert au fil de l'expérience personnelle. Comment percevez-vous les deux ou, plus exactement, comment les mariez-vous dans votre sensibilité d'artiste ?
Aujourd'hui, je peux dire que j'appartiens à deux cultures. J'essaye de prendre les bons côtés des deux cultures, c'est une chance, et c'est très excitant, on est toujours en contradiction et sur le fil du rasoir, mais c'est très formateur. Ma culture algérienne reste déterminante de mes repères artistiques, c'est ma source et c'est seulement autour d'elle qu'interviennent mon autre culture, mon écoute d'autres styles et mes rencontres avec d'autres musiciens dans la structuration de mon métier d'artiste. Le mariage des deux cultures donne naissance à mon œuvre, qui n'est ni traditionnelle ni musette, mais qui est mienne. Ma double culture est une richesse, pas un obstacle. A présent, ayant pris du recul, ma vision est plus nuancée.
Atifa, sorti en 1999, est considéré comme le début d'une grande carrière de chanteur instrumentiste. Pourquoi insister sur cet album comme point phare de votre aventure musicale ?
Le premier album restera toujours une référence et un repère. Tout ce que je fais se réfère à mon premier travail, le style arabo-andalou étant un style classique, sa modification nécessite de l'audace et surtout beaucoup de rigueur. De plus, je venais de finir mes études universitaires post-graduées, et c'est à la sortie de ce 1er album que j'ai choisi de suivre ma vocation et de me consacrer au métier d'artiste professionnel, au lieu de celui d'ingénieur.
Beaucoup de chanteurs musiciens expatriés parlent d'expression de l'exil, dès que la première question leur est posée sur le contenu de leurs œuvres artistiques. Etes-vous aussi concerné par cette histoire d'exil dans vos chansons ?
Pas initialement, le sentiment d'exilé m'affecte parfois. Il y a beaucoup de choses que j'ai perdues en me retrouvant de l'autre côté de la rive, en même temps j'en ai gagné d'autres. Ce qui me manque le plus, c'est le thé de 17h avec mes parents, cette balade en voiture le long de la corniche oranaise et ces fous rires avec les copains, et j'arrête là… Dans l'un de vos entretiens avec un confrère, vous évoquiez l'idée de la création d'une résidence culturelle chez vous. Où en est le projet ? Exact, j'ai envie de réhabiliter une vieille bâtisse pour en faire un centre culturel de création et de diffusion. Pour l'instant, c'est un peu prématuré, on en reparlera dans quelques années. Je préfère me concentrer sur mes concerts algériens car le public m'attend.
Votre dernier album Un chouia d'amour, sorti en 2009, reste-t-il dans la lignée de Atifa et Aïni Amal ou bien s'en éloigne-t-il pour un mélange des genres ?
Si j'analyse mon parcours depuis 10 ans, je trouve qu'il y a une progression et évolution : ce n'était pas évident de me détacher des fortes traditions arabo-andalouses, j'allais dire presque dogmatiques ! Changer peut paraître blasphématoire ! Avec le recul, je me préconiserais volontiers d'entreprendre une amélioration des outils de transmission de cette musique, d'autoriser sa démocratisation pour qu'elle soit moins élitiste, plus abordable et agréable, d'analyser et de comprendre son essence, etc. Sur le troisième album, je me suis libéré sans pour autant y perdre mon âme arabo-andalouse et sans tomber dans la facilité des boîtes à rythmes, dans le commercial, dans le copy-paste. Je ne cherche pas à être folklorique ni commercial pour correspondre à l'air du temps.
En tant que chanteur, Akim est un nom connu plus à l'étranger que chez lui. Est-ce sa faute à lui ou aux autres ?
A lui et aux autres ! Aux autres car, franchement, je ne sais pas si ce que j'ai réalisé pour le moment, je l'aurais atteint en restant chez moi : il n'y avait pas de réelle politique culturelle à l'époque, le statut d'artiste n'existait pas chez nous, et d'autre part, même s'il y avait eu les moyens, aurais-je été suffisamment reconnu chez moi ou pas ? C'est une autre paire de manches, et « nul n'est prophète en son pays ». J'y suis aussi pour quelque chose car, je suis parti à un moment où mon pays avait peut-être besoin de moi. La liberté ne se donne pas, on ne la demande pas mais on la prend. Et peut-être que si j'étais resté, j'aurais lutté avec mes compatriotes pour avoir plus de liberté et de droits… Au fond de moi, j'ai quand même un sentiment de culpabilité.
Vous dites faire revivre la chanson algérienne là où vous passez sur les scènes mondiales, alors que vous n'avez jamais été invité en
Algérie. Ça fait quoi d'être un porte-drapeau ignoré chez lui ? Il y a à la fois un sentiment de déception qui fait monter ma rage, mais une rage positive de revenir au pays avec plus de « niaque » et en même temps, je me dis que, compte tenu des événements de ces dix derrières années, je n'ai pas à en vouloir à mon pays. Au contraire, j'ai fait connaître le problème algérien sous un angle algéro-algérien pur, d'un artiste libre qui incite au progrès et à la tolérance et qui cherche ainsi à donner une image positive, gaie et beaucoup d'espoir.


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