Ainsi, ce sont les informations qui circulaient, en hauts lieux, depuis 2013, de manière plus accentuée l'été passé, y compris parmi les actionnaires, autour de la décision de reprise du contrôle de cette grande entreprise avec ses trois usines – deux à Arzew (Oran) et une à Annaba – par les Algériens, suivant la règle 51/49, qui se confirment. Autrement dit, l'ETRHB groupe Haddad pourrait racheter 17 sur les 66% de parts dont est, jusque-là, propriétaire Grupo Villar Mir. Sans donner de détails sur la transaction, en perspective, entre les deux parties, algérienne et espagnole, le président du Conseil d'administration de Fertial, Javier Goñi del Cacho, a indiqué dans une déclaration exclusive à El Watan-Economie que «depuis le 4 août 2005 et jusqu'à aujourd'hui, le capital de Fertial SPA est détenu par la Holding Espagnole Grupo Villar Mir S.A à hauteur de 66% et par l'EPE algérienne groupe Asmidal SPA à hauteur de 34%», une manière de rappeler que, pour le moment, rien n'a changé. Toutefois, à la question de savoir comment pourrait être réparti le futur nouveau tour de table, d'autant plus qu'il se murmure dans le milieu industriel annabi que la société ETRHB groupe Haddad y briguerait un siège, M. Goni, qui est également PDG de Fertiberia, la filiale espagnole phare du groupe Villar Mir, a, en partie, confirmé, tout en soulignant le caractère confidentiel des négociations, en cours, entre son groupe et l'Algérie. «Grupo Villar Mir S.A. est en pourparlers avec la société algérienne ETRHB groupe Haddad, mais ces pourparlers restent confidentiels à ce stade», nous a-t-il indiqué. Des propos qui laissent déduire que, contrairement à ArcelorMittal récemment passée sous le contrôle de l'Etat algérien, aucune prise de participation de ce dernier n'est prévue dans le nouvel actionnariat réservé à la puissante entreprise Fertial, ce fleuron de l'industrie algérienne des fertilisants ; une capacité annuelle de production d'un million de tonnes d'ammoniac, dont une bonne partie est exportée, le reste étant réutilisé pour la production d'une large gamme d'engrais azotés et phosphatés destinés à l'agriculture nationale. Et à l'instar du président Goni, son vis-à-vis algérien, Miloud Louhichi, PDG du groupe industriel engrais et produits phytosanitaires «EPE Asmidal SPA», a lui aussi tenu à mettre en avant le caractère confidentiel que revêt l'opération qui consiste à soumettre Fertial à la règle dite 51/49, et ce, bien que le principe de sa non-rétroactivité soit établi. Contacté, M. Louhichi s'est refusé à toute déclaration : «Je ne peux rien dire à ce sujet puisque rien d'officiel n'a été fait pour l'instant.» Or, d'après des sources proches du dossier, une Assemblée générale ordinaire (AGO) s'était tenue, en séance extraordinaire, le 26 juillet dernier, au siège du ministère de l'Industrie et des Mines, au cours de laquelle le bureau avait délibéré sur les questions inscrites à l'ordre du jour surtout la «Cession partielle des actions détenues par Grupo Villar Mir dans le capital social de Fertial Spa à une tierce partie». Mieux, parmi les résolutions y ayant été «approuvées à l'unanimité», figuraient la «validation de la décision du Conseil d'administration» avec «mandat du Conseil d'administration d'informer le partenaire de la décision». C'est dire que la machine est bel et bien «officiellement» en marche, surtout lorsque nous apprenons des mêmes sources que le bureau de l'AGO de fin juillet dernier était, outre M. Louhichi et deux commissaires aux comptes, composé de hauts «officiels» du gouvernement. Il s'agit de Oumellal Ali, Rabia Lounis Nadia et Mahtali Abdelkrim, représentant respectivement le ministères de l'Industrie et des Mines, les services du Premier ministre Abdelmalek Sellal et le ministère des Finances. Le nouveau schéma d'ouverture du capital de Fertial à «une tierce partie», dont avait convenu tout ce beau monde, au détriment de qui, du côté espagnol, est-il susceptible de se réaliser ? En d'autres termes, qui des propriétaires des 66%, comme Juan Miguel Villar Mir, président du groupe éponyme, Francisco de la Riva, ou encore de José Maria Estruch, respectivement ex-PCA et ex -DG de Fertial, par exemple, consentirait à renoncer à une partie des actions dont il a le contrôle depuis août 2005 ? «Les actions que détiennent ces personnes-là sont symboliques, car elles ne sont que deux sur un total de 1 750 000 actions représentant le total des actions de la société Fertial SPA», a tenu à nous souligner le président Javier. Et qu'en est-il de la nouvelle société, El Bahia Fertlizer, fruit d'un accord conclu en mars 2008 entre la compagnie nationale Sonatrach et Fertiberia, sera-elle, elle aussi, soumise à la règle 51/49 ? D'autant que, comme initialement convenu, cette société, dont est attendu la réalisation d'un complexe d'ammoniac à Arzew d'une capacité de production de 1,1 Mt/an, soit le plus grand au monde, d'après les Espagnols, est détenue à 49% par Sonatrach et à 51% par Fertiberia. A en croire Javier Goni, le big boss de cette dernière, la donne n'est plus ce qu'elle était. Dans ce projet nécessitant des investissements de plus de 1,1 milliard d'euros, dont la pose de la première pierre, faut-il le rappeler, avait été présidée par le roi et la reine d'Espagne, le président Abdelaziz Bouteflika et le président de Grupo Villar Mir, Juan-Miguel Villar Mir, le gouvernement algérien a, semble- t-il, fait machine. «Cette nouvelle usine n'a, pour l'instant, pas vu le jour. Si, dans un futur, elle se met en place, l'actionnaire majoritaire sera la société Sonatrach SPA à hauteur de 51%», nous a, en effet, révélé le président Javier Goni. S'agissant, par ailleurs, des contraintes administratives (autorisations), à l'origine du blocage des exportations d'ammoniac, produit phare des deux usines -Annaba et Arzew-, auxquelles a dû faire face Fertial, au début de l'année en cours, et qui se poursuivraient toujours, notre interlocuteur se veut rassurant : «Il est vrai que Fertial a vécu des difficultés pour obtenir des licences d'exportation de l'ammoniac qu'elle produit sur ses sites de Annaba et d'Arzew, mais je tiens à préciser que cela est en cours de solution.»