Par cette déclaration, Tahar Hadjar, ministre de l'Enseignement supérieur, vient de déclarer la guerre aux établissements de formation privés. Certes, l'Etat dispose du monopole de la collation des grades, des diplômes et des titres universitaires et est en droit de procéder à l'assainissement du secteur tant que des imposteurs pullulent. Seulement voilà, l'Etat doit prendre en compte quelques paramètres objectifs. «D'abord, il faut savoir que nous faisions nulle part mention de diplômes supérieurs délivrés par l'Etat notamment de type licence, master ou doctorat», tient à préciser la responsable d'un institut de formation privé. Ensuite, tous les responsables des établissements que nous avons interrogés évoquent le sérieux du cursus qu'ils dispensent à leurs étudiants. «Nos programmes sont homologués et obéissent à la réglementation en vigueur d'un côté et répondent à des critères scientifiques pointus approuvés par des spécialistes», assurent-ils. Selon eux, les formations proposées par les centres de formation privés viennent en complémentarité des offres de formations étatiques disponibles. «Parfois on a tendance aussi à combler des lacunes qui existent dans le système éducatif et l'enseignement national, il ne faudrait pas avoir peur de le dire ou de le soutenir, car il s'agit pour nous d'un effort dans l'intérêt général», révèle le directeur d'un institut privé. Employabilité En effet, les diplômes algériens délivrés par les établissements de formation et d'enseignement supérieur souffrent d'un double problème : la professionnalisation des études et l'employabilité des diplômés. Tahar Hadjar a d'ailleurs lui-même fait ce constat et a promis d'y remédier. Car l'enjeu principal, aujourd'hui, est de répondre à l'offre d'emploi et aux besoins de l'économie. Ce que ces établissements privés de formation ont saisi et compris, dispensant des cursus «à la carte». Leurs diplômés sont «insérés aisément dans le marché du travail, certains établissements, dont le nôtre, sont liés par des conventions avec des entreprises de grande envergure, nous arrivons à insérer 90% de nos étudiants», atteste le directeur des enseignements d'un établissement très en vue sur la place d'Alger. Du côté des cabinets de conseil en recrutement, le constat est plus qu'édifiant. «Les diplômés des instituts privés sont très prisés par les entreprises privées et les multinationales car ils sont rapidement ‘employables' et nécessitent seulement une petite mise à niveau. Concernant les diplômés des universités algériennes, ils ont mauvaise réputation auprès des recruteurs car les candidats nécessitent de longs recyclages et des mises à niveau onéreux», explique une consultante en ressources humaines. Il faut dire que nombreux sont les parents qui orientent leurs enfants vers ces écoles privées. «Je préfère débourser une somme faramineuse pour la formation de mon fils avec à la clé un avenir plus que sûr que de le voir traîner à l'université pour un diplôme sans qualification aucune», avoue un parent. Label Le ministre de l'Enseignement supérieur a évoqué, dans sa dissertation concernant les établissements privés d'enseignement, la problématique des mastères et autres licences délivrés par ces instituts, qu'il qualifie presque de publicité mensongère. Qu'en est-il réellement de ces mastères ? «Il faut comprendre une chose : les mastères délivrés par nos établissements sont homologués et ne souffrent d'aucune ambiguïté, il s'agit de mastères professionnels labellisés par des universités ou grandes écoles étrangères. De ce fait, l'Etat n'est pas obligé de les reconnaître puisque nos diplômés trouvent du travail facilement dans le secteur privé», se défend le responsable d'un établissement privé, visiblement furieux des dernières déclarations de Tahar Hadjar. Pour lui, «les réflexes de l'ex-parti unique refont surface. Ils veulent la même école pour tous, la même formation pour tous, la même université pour tous, la même religion pour tous et bientôt le même accoutrement pour tous ! Il faut arrêter avec ça et laisser les gens libres». «Nous sommes respectueux de la réglementation et des lois ; rien ne nous empêche de délivrer des certificats d'homologation établis par nos partenaires étrangers», assène-t-il. Selon le même interlocuteur, «il faut arrêter de se focaliser sur la Fonction publique, le travail se trouve ailleurs aujourd'hui, chez le privé». D'autres établissements délivrent de leur côté des mastères internationaux reconnus de par le monde et souvent obtenus par alternance ou à distance. «Le monde de la formation et de l'enseignement bouge et évolue rapidement, ce genre de problématiques abordées par le ministre sont tout à fait légitimes, elles sont évoquées partout dans le monde. Il faut savoir que ces mastères professionnels internationaux viennent en complémentarité de l'enseignement classique, leur avantage, c'est qu'ils sont pratiques et offrent des horizons d'emploi à leurs candidats, notamment à l'international», appuie de son côté le responsable d'un MBA en management.