La grève dans le secteur de l'éducation aura bel et bien lieu demain. Ce débrayage d'une semaine reconductible touchera les trois paliers : primaire, moyen et secondaire. L'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef) et le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) mettent ainsi à exécution leur menace et ce, en dépit de l'annonce par le département de Benbouzid de nouvelles mesures relatives à la valorisation du régime indemnitaire des fonctionnaires du secteur de l'éducation. Pourquoi le maintien de la grève ? Que reprochent les deux syndicats aux pouvoirs publics ? Est-ce que toute la communauté éducative est concernée par ces augmentations ? Sur ce dernier point, le ministre de l'Education nationale est catégorique ; tout le corps enseignant est concerné par ces augmentations. Seulement, du côté des syndicats c'est un autre son de cloche. Pour eux, il y a eu exclusion de certaines catégories, notamment les corps communs. D'aucuns estiment qu'il existe des zones d'ombre qui entourent ces augmentations, d'où la réticence, la prudence et la méfiance des uns et des autres. Les organisations syndicales, y compris celles qui ont gelé hier leur action de débrayage, dénoncent cette marginalisation et demandent des précisions au ministère de tutelle sur la répartition de cette augmentation. « Les enseignants du secondaire ont eu une augmentation totale de 10 800 DA, le problème, à notre sens, réside dans le fait que les rédacteurs de ces augmentations n'ont pas détaillé ni clarifié cette augmentation », ont soutenu les syndicalistes. Le corps enseignant possède quatre primes et indemnités : il s'agit de l'indemnité d'expérience pédagogique et professionnelle (IEPP), de l'indemnité d'application pédagogique et professionnelle (IAPP), la prime de documentation et celle de la qualification. Les différents syndicats veulent avoir les sommes attribuées à chaque prime ainsi que leur pourcentage. « L'IEPP est liée aux échelons et chaque échelon est multiplié par 2, donc l'IEPP est proportionnelle au nombre d'années de travail, ce qui implique que son pourcentage diffère d'un échelon à un autre », ont expliqué les syndicalistes. Ces derniers demeurent dans le flou, car ils ignorent complètement le pourcentage alloué à chaque prime et aussi les critères adoptés pour le calcul de ces primes. « Nous ignorons par exemple si l'indemnité d'application, à savoir la PRI, qui est établie sur la base de 40%, est calculée à part entière ou si elle est incluse dans la somme donnée par la tutelle. La différence est de taille », observent les syndicalistes. Le porte-parole de l'Unpef s'est interrogé également sur le sort des nouvelles primes discutées au sein de la commission mixte (ministère-syndicat) ainsi que celle proposée pour réhabiliter les adjoints de l'éducation dans leurs droits. Le CLA et le Snapest gèlent leur grève En sus du dossier portant sur le régime indemnitaire, l'Unpef et le Cnapest exigent des réponses sur les revendications portant sur les œuvres sociales et la médecine du travail. Une réunion de conciliation regroupera, aujourd'hui, les deux syndicats avec les représentants du ministère. Si la tutelle arrive à convaincre les deux syndicats, ces derniers ne gèleront pas dans l'immédiat leur action de grève, mais convoqueront plutôt le conseil national afin de se prononcer sur la question. « C'est à la tutelle d'assumer ses responsabilités quant aux conséquences de ce débrayage », peste M. Dziri, responsable de l'Unpef. Hier, les syndicats ont encore une fois dénoncé l'utilisation des médias lourds et des journaux pour afficher sur la place publique les salaires des enseignants. Ceci, de leur avis, dénote de la stigmatisation de la corporation des enseignants par la manipulation de l'opinion publique. Par ailleurs, notons qu'en dépit de ces insuffisances et dans l'intérêt général, le CLA et le Snapest gèlent leur mouvement de débrayage tout en affirmant que les augmentations sont le résultat des mobilisations des enseignants et non une aumône concédée par les pouvoirs publics. « Nous gelons notre grève en attendant les clarifications du ministère sur les augmentations, ainsi que sur les primes et indemnités et les problèmes particuliers des enseignants du Sud sans omettre les dossiers des œuvres sociales et la médecine du travail », fera remarquer le responsable du Snapest.