Inconnu en Algérie, le groupe français a remporté tous les suffrages, en créant l'ambiance surchauffée pour laquelle se sont déplacées près de 2000 personnes. Philippe Balatier (MPC et clavier) et Philippe Sellam (saxophone) mènent le sextet. Ce sont d'ailleurs les deux pôles qui représentent l'identité du groupe, la musique électronique et le jazz. Avec Sylvain Gontard (trompette), Sellam forme le duo de cuivres qui improvise autour de la blue note et impose les riffs mélodiques très jazzy, devant les rythmes binaires des percussions de Pascal Reva et les beat de Baltier. Dans leur musique, on décèle de l'Eric Trufazz aussi et plusieurs influences, notamment la soul, rappelant au souvenir du public Dimajazz la clôture 2015 avec Incognito, grâce à la voix en velours de Jeffrey Mpondo et la saisissante Meli. No Jazz fait du jazz, et d'ailleurs, pourquoi s'appellerait-on comme ça si on n'aime pas le jazz ? Cette formation atypique et déjantée s'inscrit en effet dans l'héritage de Miles Davis, celui électrique, qui tourne le dos aux conventions et brise les limites du jazz des premiers. D'ailleurs, leur premier album enregistré en 2002 a été produit à New York par Teo Macero, le producteur même de Miles. Peut-être, comme dirait l'ancien chanteur Mangu, ce n'est pas assez jazz pour le jazz, mais trop jazz pour l'électro. En tout cas, cette formation a confirmé à Constantine sa réputation mondiale et son art, apprécié notamment par des légendes comme Claude Nougarou, Earth, Wind & Fire ou encore Stevie Wonder avec lesquels ils ont collaboré sur des titres. En exclusivité pour le Dimajazz, No jazz est venu présenter des titres de son dernier album Soul stimulation, sorti hier (vendredi). La rencontre avec le public de Constantine a tenu toutes ses promesses, le public s'accroche dès le premier morceau, au troisième il est debout et interagit sans décrocher et jusqu'à la dernière note du concert survolté. La qualité son et lumières du festival de Constantine a assuré la perfection au show, grâce aux ingénieurs Alexis Gautier et Mathieu Dioni. Inespéré, la qualité du concert d'ouverture de cette soirée, assurée par le jeune groupe constantinois Smoke, a démenti tous les pronostics. Révélation Le quintet augmenté spécialement pour l'occasion par une section cuivres, des percussionnistes et des choristes, a montré beaucoup de maturité et surtout, a assuré le show blues, Rock et soul et sans discontinuer en commençant par un medley réunissant des standards revisités de jazz et de soul (Chicken de Jaco Pastorius, Summertime et deux tubes du father of soul, James Brown). Très à l'aise sur scène, Walid Bouzid, en costard style Blues brothers, parvient facilement à accrocher le public avec sa voix rauque et gutturale et ses déhanchements électriques. Derrière, la rythmique conduite par Kikim à la batterie et Tarek à la basse assure le tempo et s'offre des démonstrations de force très remarquées, alors que le guitariste Skander et l'harmoniciste, Raouf, n'hésitent pas à meubler l'enveloppe mélodique par des solos distingués. Smoke, invité à l'édition Off du Dimajazz 2011, a subjugué la salle en s'affichant comme un groupe de scène sur lequel on peut compter désormais. Les compositions chantées en arabe algérien avec des textes inspirés du vécu quotidien ont récolté l'adhésion complète du public qui a réclamé un bis. Le titre de la fin, intitulé Avendir Blues, a mis toute la salle debout grâce au jeu décomplexé des percussionnistes, les airs de gasbas inspirés du répertoire chaoui, l'humour et le show condensé des Smoke. Il n'en fallait pas plus pour terminer en beauté cette édition enfantée dans la douleur et sur laquelle des doutes ont pesé avant le démarrage. Encore une fois, le Dimajazz a déçu les sceptiques et tenu toutes ses promesses ; rendez-vous est déjà pris pour 2017.