La 14e édition du Festival international de jazz de Constantine, Dimajazz a baissé rideau jeudi soir dernier. Les groupes français No jazz, et algérien Smoke ont enflammé la scène dans une ambiance festive pleine de mélodie et de variation de style. Electrique et éclectique était la clôture de la 14e édition du Festival international de jazz de Constantine, Dimajazz-2016, jeudi soir dernier à la grande salle du Zénith à Zouaghi. Comme à l'ouverture, l'ambiance festive régnait jusqu'à la dernière note. Et lorsque la funk, l'électro soul, l'électronique et le rap s'associent subtilement dans une même partition, la musique sonne bonne, épicée. C'est ce qu'a offert au public ce groupe français baptisé No jazz, qui a emmené une assistance hétéroclite dans une expédition ponctuée de rythme et de sonorités «stellaires», où le large spectre du clavier de Philippe Balatier explore toute sa tessiture et appui les souffles mélodieux du saxophoniste «capitaine», Phillipe Sellam et du trompettiste Sylvain Gontard dans une intro allegro. La formation interprétait des opus de ses premiers albums dont, médina aux influences orientales mêlées à l'électro. Epate par la suite avec un rap qui invite la voix d'Emily. Une expérience d'un nouveau genre qui a fait bouger les fêtards conquis le long de cette production de haute qualité. No jazz enchaîne avec Swinging in da rain extrait de leur dernier tube Soul stimulation sorti le 25 novembre 2016 en France. «Le Dimajazz a eu le privilège d'écouter en live des morceaux de notre dernier album», nous confiera le batteur du groupe. Rompu à des imaginations renouvelées, No jazz a adopté un chanteur pour offrir plus de couleur à ses compositions hétéroclites. Le vocaliste Jeffray Pandeau redonna une autre configuration à la scène en invitant les mélomanes à suivre la cadence et à reproduire les chorus. Parfaite communion. Se produisant pour la première fois au Maghreb après des tournées dans plus de 40 pays, dont l'Afrique du Sud et Abdjan, No jazz aura égayé la soirée de clôture et déclare avoir découvert un public «merveilleux» qui renferme jeunes, femmes, enfants et personne âgée. «C'est encourageant», dira un des membres fondateurs du groupe Pascal Reva. Evoquant leur musique, il exclue toute barrière ou style particulier : «On prend tout ce qui nous plaît dans les autres styles. On mélange avec de l'électro». Le no jazz, cette appellation provocatrice «rigolote à l'encontre des puristes», reste une invitation positive à la fête. «On aime le jazz, mais on ne veut pas rester uniquement dans ce style.» Pari réussi et public conquis pour cette bande française créée en 2001 et qui a connu diverses complicités musicales avec Claude Nougaro et, aux Etats-Unis, avec Stevie Wonder, Maurice White et le groupe Earth wind and fire. Avec leur nouveau-né, Soul Stimulation, No jazz enregistre son septième album. La première partie de la soirée a été l'œuvre de la formation locale Smoke, qui a étrenné sa deuxième participation dans ce festival, après s'être produit dans le Dimajazz off de l'édition de 2011. Mené par son chanteur Walid, le groupe qui s'inspire de multiples influences «afro-américaine», rock, raï… a offert au public un bouquet énergique fortement syncopé par les percussions, saxophone, trompette et harmonica. La guitare au feeling jazzy ponctuait délicatement les mesures. Smoke s'adonnera à un medley avant d'enchaîner avec ses propres compositions, dont 14, «allusion à la présente édition de Dim jazz», Pain frome love, un morceau fun disco, Dalila rock algérien et Lamouni, du rai soul funk… Les choristes ajoutaient une touche à la prestation. L'une d'elles tentait à sa manière un grand standard du jazz de George Gershwin, Summertime. «On cherche un son propre à nous. C'est l'objectif majeur de notre formation», précisera le guitariste dans un point de presse, estimant que sa formation «s'est lancée dans la composition et s'apprête à concrétiser son propre projet, car c'est primordial pour la suite de notre objectif». Considéré comme un groupe de scène, Smoke semble avoir muri, en témoignent les arrangements de la soirée. «On s'est produit dans pas mal de villes algériennes, mais pas encore à l'internationale». Les jeunes artistes auront maintenu un équilibre musical sur scène au grand bonheur des mélomanes en quête de cadences variées. Pour rappel l'édition a été ouverte au zénith le 19 novembre dernier, aux forceps, après les couacs de dernière minute dus à l'attitude de l'Office de la culture et de l'information (Onci). L'audience a été moyenne à l'exception des deux soirées d'ouverture et de clôture en raison de l'indisponibilité des transports, contrairement à l'année dernière. De plus, aucun officiel ne s'est donné la peine de se déplacer, bien que le festival soit institutionnalisé. N. H.