Le cadre de vie des citoyens est une seconde nature –Marcel Roucayalo– géographe du fait urbain». C'est un renouement avec la mémoire d'un vieux quartier historique d'Alger, l'ex-rue Marengo (actuellement Arbadji Abderrahmane) ou communément dénommé à ce jour le «Deuxième» appellation du commissariat de police de l'époque coloniale, qui a inspiré une initiative culturelle citoyenne sur une façade de cette artère très populaire à l'entrée de La Casbah au lieudit la placette du «Deuxième». Cet endroit, devenu mythique avec sa charge d'histoire et d'événements majeurs vécus par des générations entières de sa population depuis les glorieuses manifestations du 11 Décembre 1960, qui ont afflué en son sein de toutes les rues, ruelles, venelles (z'nikates) de la Médina pour converger en foules compactes, emblèmes déployés au vent et slogans patriotiques scandés en masse, amplifiés par les youyous stridents qui fusaient des gorges serrées d'émotion des femmes drapées en haïk de blanc immaculé. De véritables colombes mobilisées pour clamer à l'unisson haut et fort l'indépendance de l'Algérie, en écho de soutien à la délégation du Gouvernement provisoire de la République algérienne -GPRA- qui se trouvait à l'ONU (Organisation des Nation unies), où la question algérienne était inscrite à l'ordre du jour de cette instance internationale, et ce, dans une démonstration spectaculaire marquante à l'adresse de la communauté mondiale quant à l'unanimité d'adhésion du peuple algérien à son unique et exclusif représentant légitime, le FLN historique et son gouvernement -GPRA-. Deux années plus tard, et dès l'annonce du cessez-le-feu du 19 Mars 1962, c'est le regretté Réda Benhaddad qui fut l'artisan de la première fresque historique de l'indépendance de l'Algérie, qu'il a passionnément et esthétiquement réalisée en peinture d'art sur la façade de ce même lieu. Cette œuvre a connu son couronnement et a servi de décor scénique lors d'un mardi 3 juillet 1962 à l'inédite, inoubliable et mémorable soirée musicale de l'«Istiqlal», où a retenti l'hymne de la victoire El Hamdou lilah, sublimement entonné dans une liesse de délire populaire par Hadj M'hamed El Anka. Tous ces fragments de mémoire ont constitué la trame de cette nouvelle mosaïque du souvenir consacrée à La Casbah en un miroir pictural de ses magnifiques douérate et à l'harmonie de ses ouvrages d'art sous un ciel illuminé par le soleil sonore d'Alger reluisant les rivages azurés de la paisible Méditerranée. Ceci à travers une symbolique chaleureuse de bienvenue coutumière et traditionnelle aux visiteurs nombreux de la Cité éternelle. Landri Mustapha, âgé de 44 ans, employé à l'APC de La Casbah et natif du terroir, féru de peinture et d'art est l'auteur de cette illustration plastique de toute beauté, qui nous a affirmé lors d'un entretien que son inspiration et sa motivation pour cette décoration émanent de son attachement viscéral et de son amour à la civilisationelle et historique Casbah. Et d'ajouter, enthousiaste et réjoui du devoir accompli, que ce sentiment ancré en lui depuis sa tendre enfance lui a été transmis par les récits et témoignages de ses proches et de ses aînés qu'il aimait écouter avec émerveillement lui conter les différentes facettes légendaires de la Cité antique, en réitérant ainsi et en ces termes la précision de sa pensée : «Cela m'a intiment et profondément révélé le titre de reconnaissance à l'endroit de ce repère majeur de la mémoire en cet épigraphe expressif et évocateur que j'ai tenu à incruster sur la mosaïque «La Casbah âme de l'histoire d'El Djazair» Une louable initiative citoyenne, porteuse d'une aspiration artistique à encourager pour l'embellissement des artères et quartiers de notre capitale, afin de perpétuer et valoriser dans la symbolique son prestigieux patrimoine culturel urbain en une communion affective de liens citoyens avec des lieux de mémoire. Ceci à la remémoration du prestige d'Alger, qui fut un musée à ciel ouvert de l'âge d'or d'architecture d'art et d'ornements raffinés de renom universel, de citadinité, d'urbanité et de magnificence, avec ses fabuleux parcs et jardins publics, à l'image des Jardins d'essai du Hamma et ex-Marengo, présentement Prague, à la lisière de La Casbah. Enfin, un souhait pour que toutes ces actions d'essence populaire puissent susciter une émulation et se multiplier en un heureux présage dans la perspective d'un jour proche, où la proverbiale El Bahdja retrouvera sa blancheur et ses splendeurs de jadis dans un élan de civisme salvateur de sa population gardienne générationnelle de son histoire et de sa mémoire.