Ils ont, une fois de plus, aiguisé leurs armes pour dénoncer, entre autres, les pratiques d'exclusion et de marginalisation systématique et ont mis en œuvre, selon leurs dires, une feuille de route qu'ils sont en train d'appliquer à la lettre. Ils espèrent, selon toute vraisemblance, reproduire le scénario de 2013, année où Ouyahia a été contraint, face à la protestation de ce même groupe, de rendre son tablier en démissionnant de la tête du parti. Mais aujourd'hui, Ahmed Ouyahia, élu par la quasi- majorité des congressistes pour diriger le RND, n'envisage pas de céder à la protesta. Il ne démissionnera pas, bien au contraire, il va exclure du parti, selon le règlement interne, toutes les personnes qui tenteraient de déstabiliser le RND ou de semer la discorde dans ses rangs. Aux frondeurs qui ne reconnaissent pas la légitimité de la direction issue du congrès qui, selon eux, ne répond pas aux normes politiques et statutaires, Chihab Seddik (porte-parole du parti) réplique : «Ces gens n'ont aucune qualité pour parler au nom du RND. Après le congrès qui s'est tenu dans le respect des lois et après que le Conseil d'Etat ait statué sur les plaintes de ces militants et les ait déboutés à deux reprises, ces mécontents n'ont aujourd'hui aucune qualité ni politique ni organique et encore moins structurelle.» Et de qualifier de «non-événement» les agissements de ce «groupuscule». Mieux, la direction du RND, qui a déjà engagé des démarches pour l'exclusion de certains frondeurs — dont Tayeb Zitouni, Nouria Hafsi et Mokhtar Boudina — compte aller loin en matière de sanctions, si les redresseurs persistent dans leur action de protestation. «Dans le cas où ces gens persistent dans leur démarche et une fois avoir épuisé les procédures légales, nous allons, selon les statuts et le règlement du parti, saisir la justice et déposer plainte pour ‘usurpation de fonction' du moment qu'ils n'ont pas le droit de parler au nom du RND ni d'utiliser son logo», précise Seddik Chihab, ajoutant qu'une enquête interne a été diligentée pour déterminer les circonstances dans lesquelles s'est tenu un conclave des redresseurs dans la ville de Béjaïa. «Nous ne pouvons pas tolérer des structures parallèles. Nous attendons le rapport de nos structures locales pour savoir qui a autorisé cette réunion», indique-t-il. Du côté des redresseurs, Mokhtar Boudina a tenu à préciser que leur travail n'est pas conjoncturel et encore moins personnel : «Nous n'avons aucun problème avec la personne d'Ahmed Ouyahia. Nous parlons de l'appareil, du parti dans toute sa composante. Nous sommes contre les pratiques d'exclusion et de marginalisation. C'est un problème de fond que nous posons. Mais au lieu d'apporter des réponses appropriées à cette question, le staff dirigeant a brandi la menace de l'exclusion. Cette volonté de nous exclure ne règle pas le problème.» M. Boudina regrette qu'à chaque rendez-vous important, le RND laisse une partie de sa richesse et de sa sève sur le carreau. Les opposants à Ouyahia l'accusent d'écarter des coordinateurs de wilaya sans respect des textes réglementaires adoptés au dernier congrès extraordinaire et de les remplacer par de riches hommes d'affaires. «On ne dirige pas un parti comme on dirige une administration. Nous ne sommes pas des fonctionnaires, mais des militants et, de ce fait, nous revendiquons le respect du fonctionnement du parti», précise M. Boudina. Si les frondeurs ont exprimé leur détermination à aller jusqu'au bout de leur action en appelant tous les militants à la mobilisation afin d'extraire ce parti des mains des «aventuriers», Ahmed Ouyahia est, quant à lui, déterminé à faire barrage aux redresseurs, quitte à les exclure du RND par la voie judiciaire.