Avec 4 millions de diabétiques et près de 35% de la population hypertendue, la surconsommation de sucre, de sel et de graisse revient à l'affiche comme un véritable problème de santé publique. Lors d'une rencontre organisée dernièrement par l'Union nationale de protection des consommateurs, Abdelaziz Aït Abderrahmane, directeur des activités commerciales et de la régulation des prix au ministère du Commerce, a rappelé la volonté de sa tutelle et du ministère de la Santé de réduire leur teneur, à travers un décret exécutif, afin d'éviter au consommateur algérien de consommer des produits présentant un risque pour sa santé. Même s'il a insisté sur le respect des normes d'hygiène lors de l'entreposage des aliments, il n'a pu s'empêcher de revenir sur ce phénomène qui impacte la santé du consommateur et représente une lourde charge pour l'Etat. Dans ce sens, l'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (Apoce), représentée par son président, le Dr Mustapha Zebdi, s'est montrée enthousiaste à cette idée annoncée vers le début de l'année en cours, mais conteste l'attitude de certains opérateurs économiques que «seuls les intérêts commerciaux intéressent». «Nous sentons une véritable pression de la part des opérateurs économiques, sur les instances de l'Etat, afin que ce décret ne soit pas à la hauteur des attentes des associations de consommateurs», déclare-t-il avant de pointer du doigt l'Association des producteurs algériens de boissons (APAB) qui a demandé de réduire ce taux de manière graduelle sur une durée de 5 à 10 ans. Une période «trop longue», à son avis. M. Zebdi dénonce encore les réserves émises par certaines administrations pour cette proposition sous prétexte d'accoutumance. «Si on parle d'accoutumance dans le monde de la toxicomanie, une cure de désintoxication ne peut pas durer plus de quelques mois et pas 5 ans, encore moins 10 ans. Le consommateur algérien est-il plus toxicomane que les vrais toxicomanes ?» s'indigne-t-il, avant d'annoncer que l'urgence actuelle est d'imposer aux opérateurs économiques d'inclure sur l'étiquetage de leurs produits les véritables taux de sucre, de sel et de matière grasse qu'ils contiennent. «L'introduction de l'étiquetage nutritionnel est une mesure obligatoire et urgente en attendant la réduction réelle des taux de ces substances dans les aliments», conclut-il. Pour Ali Hamani, président de l'Association des producteurs algériens de boissons (APAB), cette diminution graduelle n'est en réalité qu'une proposition approuvée par d'éminents professeurs en médecine et validés par des expériences réussies dans le monde. «Si nous, en tant qu'opérateurs économiques, pensions à notre propre intérêt, la réduction du sucre subite est très bénéfique pour nous dans le sens où cette mesure représente une véritable réduction des coûts. Toutefois, pour ne pas frustrer le consommateur et l'habituer à des aliments plus sains et à des degrés raisonnables de sucre, il faut le faire sans le brusquer. Nous, producteurs de boissons, avons demandé aux instances chargées du dossier en question de nous fixer le taux de sucre maximum et nous nous sommes engagés à le réduire graduellement en faisant notre propre autocontrôle et en acceptant le contrôle d'autrui. Pallier ce phénomène nécessite en réalité une véritable stratégie nationale qui ne toucherait pas seulement les boissons, mais tous les autres produits qui souvent contiennent des taux de sucre très élevés mais cachés», a-t-il déclaré, avant de réitérer l'engagement de l'APAB pour la protection de la santé du consommateur. Le résultat de l'étude menée par le ministère de la Santé est très attendu ainsi que la décision du comité technique présidé par d'éminents professeurs afin d'intégrer cette nouvelle orientation.