De l'aveu même du ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, il y a bel et bien des pratiques de dumping sur le marché des assurances. Le ministre apporte de l'eau au moulin de certains assureurs qui faisaient état d'une concurrence déloyale à laquelle s'adonnaient certaines compagnies de la place. Le dumping et les sous-provisions en sont leurs armes de guerre. Face à de telles pratiques, le ministre des Finances a indiqué que la commission de supervision a mis sous contrôle certaines compagnies dont les pratiques seraient contraires aux règles de bonne concurrence. «Il y a des compagnies d'assurances qui ne respectent pas l'obligation de constituer des provisions selon le coût moyen réel. Ces compagnies sont sous le contrôle de la commission de supervision des assurances. Nous sommes en train, progressivement, de voir comment régler cet aspect et éviter qu'il y ait un dumping au niveau des prix des assurances. C'est dans l'intérêt des compagnies d'assurances d'adopter un coût moyen réel qui leur permet de répondre demain aux coûts des sinistres», a déclaré, dimanche, Hadji Baba Ammi, lors d'une conférence dédiée au lancement de la télédéclaration fiscale. En décodé, le premier argentier du pays met sous les feux de la rampe une pratique qui consiste à comprimer les marges bénéficiaires sur les contrats d'assurances pour mieux tirer son épingle du jeu. Dit autrement, des compagnies vendent des produits d'assurances à des prix inférieurs à ceux déterminés par le marché, quitte à flirter avec les limites de la solvabilité et l'équilibre, deux paramètres nécessaires à une couverture optimale des coûts de la sinistralité. Le risque est que l'indemnisation en dommage augmente plus vite que la production. C'est un risque contre lequel le PDG d'Alliance Assurances, Hassan Khelifati, a tenté de tirer la sonnette d'alarme, avertissant quant au «danger systémique» qui guette plusieurs compagnies de la place. Joint par téléphone, Hassan Khelifati estime que l'équilibre financier des compagnies est mis à rude épreuve par une hausse des coûts d'indemnisation, à l'heure où les niveaux de production s'érodent sous l'effet, entre autres, d'une certaines tarification «ne répondant à aucune logique économique». Alors que les indemnisations en dommage et la collecte des primes évoluent en dents de scie, les provisions pour sinistre à payer marquent une forte progression depuis quelques années déjà. En effet, dans le dernier rapport de conjoncture du conseil national des assurances pour l'exercice 2015, il en ressort une couverture de 8,6 milliards de dinars des indemnisations en dommage, alors que la production n'a progressé que de 800 millions de dinars. Le PDG d'Alliance Assurances se réjouit qu'il y ait une volonté manifeste de lutter contre les pratiques qui ne cadrent point avec les normes d'une concurrence loyale. «Le régulateur est garant de cette concurrence saine et loyale entre compagnies du marché. Cette position du ministre ne fait que répondre à certaines de nos doléances», estime Hassan Khelifati. Cette affaire de dumping a suscité la colère de bon nombre d'assureurs qui ont tenté de mettre en place un mécanisme de plafonnement des remises mais qui, dans les faits, n'a pas été respecté par l'ensemble des assureurs.