En tout, 11 patients atteints de pathologies cardiaques de la plus simple à la plus ou moins compliquée ont été opérés. «Le suivi de ces patients sera donc assuré par les deux équipes binômes algériennes constituées pour l'opération, dont l'équipe de l'hôpital de Drâa Benkheda», rassure M. Boulanouar, le directeur général de l'EHS. Interrogé pour donner plus d'explications sur les caractéristiques du transfert des nouvelles technologies, objectif principal de la mission, le Dr Debauchez rencontré au CNMS n'a pas mâché ses mots. Il a d'emblée affirmé que la chirurgie cardiaque connaît des difficultés dans le service public en Algérie. «Ma venue est plutôt pour un transfert de technologie et remettre de l'ordre. Le constat a été déjà fait par les Algériens», a-t-il insisté. Mais de quelle technologie s'agit-il précisément, avons-nous demandé. Le missionnaire affirme contribuer à la mise en place d'une meilleure organisation. Quant au plan chirurgical, le Dr Debauchez a déclaré, en présence du directeur de l'établissement et du médecin chef du service réanimation, que «les chirurgiens algériens ne savent pas faire ce que je fais. Pourtant, ils ont les mêmes instruments, le même bloc, mais ils n'opèrent pas comme moi. Il y a des façons d'opérer qui n'existent pas en Algérie, par exemple la dissection de l'aorte. Des malades opérés ici au CNMS sont décédés», a-t-il ajouté tout en énumérant les pathologies prises en charge, à savoir l'anévrisme, pontage artériel, dissection de l'aorte, plastie aortique, plastie mitrale, etc. Des pathologies prises en charge dans les centres algériens privés ou publics, avons-nous rétorqué. Une remarque qui n'a pas été du goût de notre interlocuteur qui revient sur deux cas , selon lui, en attente d'une intervention chirurgicale depuis des mois au CNMS pour se contredire par la suite et dire que «la formation doit se faire sur des cas simples pour les jeunes chirurgiens algériens et il faut accepter d'apprendre des autres». Lesquels chirurgiens du CNMS qui nous ont contacté estiment : «C' est une insulte pour les chirurgiens algériens et pour l'Algérie.» «Il y a effectivement eu une période de sèche au niveau de ce centre, mais les choses ont commencé à s'améliorer depuis quelques mois. Nous arrivons à prendre en charge 10 malades par semaine dans les conditions les plus normales. Nous sommes des hospitalo-universitaires, comment un docteur en santé publique vient-il assurer une formation pour nous ?» s'indigne un chirurgien hospitalo-universitaire du CNMS qui déplore l'absence d'une autorité en chirurgie cardiaque pour défendre cette spécialité. Interrogé pour avoir été cité par le Dr Debauchez, le Pr Burezak de la clinique Abderhamani à Alger est catégorique : «Il n'y a que la transplantation du cœur qui n'est pas faite en Algérie.» Il affirme ne pas connaître ce docteur qui n'est pas de son rang et estime que «ses propos, qui rappellent un autre âge, sont indignes d'un chef de service qui abandonne ses malades pour venir prendre de l'argent. S'il a réellement une nouvelle technique qu'il l'expose aux experts algériens». La chirurgie cardiaque, rappelle-t-il, a été lancée en 1985 et des équipes se sont constituées et sont devenues hautement performantes, pouvant répondre à la prise en charge de la majorité des pathologies. «Je déplore que la CNAS paye ce médecin à 1500 euros par patient pour des opérations à la portée de mes assistants, voire dans certains cas des résidents. Il faut savoir que des efforts sont déployés pour assurer un meilleur équipement technique des services existants et introduire de nouvelles techniques de diagnostic et de traitement de toute pathologie cardiaque», a-t-il déploré.