A moins d'une semaine du Nouvel An, plusieurs mouvements de protestation contre les décisions du gouvernement sont au programme. Outre l'intersyndicale de la Fonction publique qui compte reprendre la contestation contre la révision de la loi sur la retraite et la cherté de la vie, les commerçants s'apprêtent eux aussi à enclencher un mouvement de grève inédit. Après Tizi Ouzou, Bouira et Tipasa, les commerçants et artisans de la wilaya d'Alger comptent entamer une grève du 2 au 7 janvier prochain pour dénoncer la «hogra» dont ils se disent être victimes. Un appel de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a même été répercuté et largement diffusé sur les réseaux sociaux. Dans cet appel, les commerçants ont exprimé leur «ras-le-bol des augmentations pesantes des charges qui se sont répercutées sur le coût des produits». L'occasion est également pour dénoncer «l'acharnement de l'administration fiscale qui n'hésite pas à déplumer les petits commerçants et artisans avec de nouveaux impôts, alors que c'est plus pertinent de faire entrer l'informel dans le circuit réglementaire», estime un commerçants intéressé par cette décision. L'appel est justifié par les craintes de ces commerçants de «voir de plus en plus de marchandises boudées par les consommateurs en raison de la hausse vertigineuse des prix». Selon le même commerçant, la loi de finances qui entrera en vigueur au début de l'année aura pour principal impact la hausse des coûts de fabrication ainsi que l'augmentation des tarifs de plusieurs services et prestations, ce qui se répercutera négativement sur la consommation et l'activité commerciale de manière générale. «Nous exigeons aussi l'amélioration des services de la Sécurité sociale et autres prestations administratives qui offrent actuellement une qualité qui n'est pas à la hauteur des coûts exigés des commerçants». Cet appel est certainement l'écho de l'action de protestation menée par les commerçants et artisans et autres professions de la wilaya de Tizi Ouzou, observée il y a quelques jours et que les initiateurs appellent à poursuivre le 2 janvier prochain. Depuis quelques jours, des appels similaires sont lancés à travers les réseaux sociaux appelant les commerçants à se joindre à ce mouvement et lui donner un cachet national. «Les intérêts des barons de la spéculation» Rejetant cette initiative, l'Association nationale des commerçants et artisans (ANCA) estime, dans un communiqué rendu public hier, que «cet appel favorise les intérêts des barons de la spéculation». Pour cette association, l'appel à la grève vise à booster la demande en suscitant un mouvement de panique chez les citoyens. «L'objectif est de créer le rush sur certains produits afin d'en doper les prix», explique, dans une déclaration à El Watan, M. Boulenouar, président de cette association. Le représentant des commerçants s'interroge d'ailleurs sur la nature des arguments formulés. «Depuis quand le commerçant s'improvise en association de protection des consommateurs en dénonçant la hausse des prix ? Les commerçants revendiquent plutôt l'assainissement du marché à travers une réglementation qui touche tout le monde, et non des contrôles sélectifs qui ne s'intéressent qu'aux commerçants conformes et ainsi ceux issus de l'informel ne sont jamais inquiétés», précise notre interlocuteur. Cette association qui se revendique représentative des commerçants de gros et de détail rassure, dans le même communiqué, les consommateurs quant à la disponibilité des produits. «Quant aux prix, ils sont définis selon la règle de l'offre et la demande», explique M. Boulenouar.