La justice algérienne ne cesse de surprendre. Elle l'a prouvé une nouvelle fois samedi dernier à Guelma. Alors que des chefs du terrorisme islamiste, connus pour leur cruauté et les graves crimes qu'ils ont commis contre le peuple algérien comme par exemple Madani Mezrag, Ahmed Benaïcha, Kartali et d'autres encore se baladent à travers le pays et sont même reçus avec les honneurs par les officiels, le tribunal de Guelma a condamné à la prison à vie, un moudjahid, Gharbi Mohamed Tounsi, qui a repris les armes dans les années 1990 pour combattre, à la tête de 700 patriotes, les terroristes qui sévissaient dans la région de Souk Ahras. Il a été jugé en appel lors d'une audience présidée par M. Halim. La première instance, il a été condamné à 20 ans de prison. « Les délibérations ont duré à peine 15 minutes », nous a déclaré son avocat, Me Abderrahmane Boutamine. Tout le monde attendait un verdict clément pour faire oublier la sévérité du premier jugement. On imagine la stupeur. Les faits ? Après l'application de la loi sur la concorde civile, l'« émir » de la région de Souk Ahras, Merad Ali, se rend aux autorités. Il réussit même à redevenir l'un des notables locaux. De ce fait il devient arrogant, d'autant que les autorités lui ont laissé une arme. Assuré de l'impunité, il se met à provoquer Mohamed Gharbi, le menaçant chaque fois de mort. L'ancien chef des patriotes craignant pour sa vie contacte les responsables des services de sécurité pour leur demander de calmer le terroriste. Rien n'y fait. Mourad devient de plus en plus menaçant. Gharbi revoit les responsables des services de sécurité pour leur dire que si Mourad continue à le provoquer, il l'abattra dans la semaine qui suit. Apparemment il n'a pas été pris au sérieux, car le terroriste est toujours aussi agressif. Une première fois, Gharbi lui tend un guet-apens mais il ne fait rien parce que l'ancien « émir » était accompagné de son fils. « J'avais peur de blesser l'enfant », dira-t-il aux enquêteurs. Le 11 février 2001, il l'attend le matin à la sortie de son domicile et l'abat. Il prend soin ensuite de tirer le corps vers un caniveau « pour que son sang ne souille pas la terre d'Algérie ». Il tire ensuite des rafales en l'air tout en criant : « Tahia El Djazaïr ». Il reste sur place, attendant qu'on vienne l'arrêter. Il est jugé le 21 janvier 2004 par le tribunal criminel de Guelma et condamné à 20 ans de prison. Des témoins ont confirmé devant la cour que le terroriste était armé et qu'il n'avait pas cessé de menacer de tuer Gharbi. Maître Boutamine a rappelé que « Gharbi était menacé de mort par un criminel, un terroriste et non par un homme ordinaire. (Cet homme a déjà tué, a organisé, armé, entraîné, financé et structuré une entreprise terroriste. Que Gharbi était obligé de tenir compte de la qualité de terroriste de celui qui l'a menacé de mort, le traitant de taghout à chaque fois qu'il le croisait, lui proférant des menaces : tes jours sont comptés, tu es entre nos mains…) ». Samedi dernier, d'anciens terroristes avaient occupé la salle d'audience. Ils ont accueilli le verdict par des applaudissements nourris. Gharbi, qui a 70 ans, va terminer ses jours en prison. Espérons que l'ONM réagisse et se mette enfin à défendre l'un des siens. La société civile est elle-même interpellée par ce verdict scandaleux.