Ce bijou d'architecture léché à ses pieds par la grande bleue est situé sous un promontoire rocheux à l'extrémité de la magnifique plage du Puits de Beni Saf. Il n'y a qu'un seul autre exemplaire à travers l'Algérie : l'aquarium de Bou Ismaïl, ce qui est bien trop peu pour un pays ayant une façade maritime de plus de 1200 km. Il redevient pour la énième fois station de recherche relevant du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. Son statut a également changé. Avec ce régime, depuis l'indépendance, il est arrivé à un état de décrépitude avancée. Son étanchéité mise à mal par le temps ne retient plus les infiltrations d'eau. Les planchers des salles sont des mares d'eau et les murs sont devenus lépreux à force d'humidité. Le centre vit de la charité de l'APC qui paie la facture d'électricité et de gaz. Selon le directeur de la pêche, l'APW devrait voter une enveloppe pour sa réfection. Or, l'aquarium relève depuis fin 2004 du Centre national de développement de la pêche et de l'aquaculture (CNPA), lui-même abrité par l'aquarium de Bou Ismaïl. Et comme la gestion est toujours centralisée, l'aquarium de Beni Saf, contrairement à celui de Bou Ismaïl, continue à vivre le calvaire. Ouvert à la fin des années 1950, il dépendait de l'institut français maritime de Nantes. C'était son âge d'or. Il fut jusqu'en 1978 une destination prisée par les chercheurs, les étudiants et les écoliers venant les après-midi par petits groupes, le goûter en poche, y faire d'extraordinaires découvertes. Il fut également la destination favorite des touristes et des estivants. Fermé pendant quatre années, il rouvre en 1982 mais en passant de la tutelle de l'Enseignement supérieur à celle de la Pêche. Il est alors sous la dépendance du défunt CERP en tant que station de recherche appliquée. Il bénéficia à ce titre de menus travaux de restauration. En 1991, il revient à sa tutelle d'origine subissant toujours une gestion centralisée qui le maintient dans une existence qui ligote toute initiative et le prive de tout moyen. Il tombe peu à peu en ruine. Seules la commune et la wilaya sont intervenues pour empêcher son naufrage en 1996 et en 1999. La dernière institution l'a sauvé de l'effondrement en prenant en charge l'enrochement de ses fondations que la houle avait gravement attaquées. Actuellement, la wilaya a accordé au centre dix postes au titre du préemploi, ce qui a permis à l'aquarium de devenir un laboratoire assurant le suivi de la ressource marine et aquacole. M. Ferhaoui, le directeur, a même produit un intéressant projet pour des essais de peuplement des plans d'eau de la wilaya de Aïn Témouchent, un projet nécessitant des études hydrogéologiques, hydrobiologiques, de pêche de prospection et de collecte de l'information climatologique. Ce projet n'a pas intéressé les décideurs même si les études pouvaient être menées à moindres coûts en mettant en synergie les potentialités locales. Pour d'aucuns, le meilleur qui puisse arriver au centre est qu'il revienne à la tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur d'autant qu'il a constitué un argument dans l'option de ce ministère pour la création d'un institut de la pêche et de l'aquaculture. Les tenants de cette formule soutiennent que ce ministère dispose de plus de moyens qu'ils soient financiers, matériels ou scientifiques de haut niveau. Cependant, ils n'oublient pas de préciser que parallèlement aux missions de centre universitaire, l'aquarium devra poursuivre la réalisation des missions qui lui sont actuellement attribuées par le ministère de la Pêche, à savoir le développement de la pêche dans l'ouest du pays.