Le débat autour de l'enseignement des langues en Algérie « n'a pas atteint l'étape de la cristallisation parce que il est mélangé avec l'idéologie et cette dernière tue tout débat sérieux », estime Amine Zaoui qui s'exprimait dans une bibliothèque de l'Etablissement Art et culture. La problématique des langues doit être résolue par l'élite scientifique loin des politiciens et de leurs positions opportunistes », dit-il en signalant que « Les langues victimes d'injustice en Algérie ne sont ni l'arabe ni le français mais Tamazight et la Darija ». Parlant de la promotion de Tamazight, Zaoui s'est permis de donner des conseils aux écrivains de cette langue, auxquels il suggère de « dépasser le folklorique et la contestation, d'oublier les slogans populistes du genre " Pouvoir assassin ! " ». Selon lui, « l'anxiété identitaire dont souffre l'Algérien est la conséquence de sa lecture ambiguë de l'histoire ». Et l'origine de cette aliénation remonte à l'époque de Tariq Ibn Ziyad, le guerrier berbère qui a conduit l'armée musulmane dans sa conquête de la péninsule ibérique en 701 de l'ère chrétienne. « Une catastrophe historico-culturelle » « Un rideau de fer est tombé sur notre identité depuis le fameux discours de Tariq Ibn Ziyad s'adressant à ses soldats : « l'ennemi devant vous et la mer derrière vous… »*. Ce rideau de fer a caché des siècles de notre histoire antique, riche en grands penseurs tels Juba II, Saint Augusin et Apulée de Madaure. Le fait d'enseigner à l'école algérienne la poésie arabe d'avant l'islam et écarter l'oeuvre de Saint Augustin constitue une « catastrophe historico-culturelle ». Zaoui n'a pas manqué de fustiger les professeurs universitaires -lui-même prof à l'université d'Alger- qui, selon lui, « consacrent cette anxiété identitaire ». Aux responsables du secteur de l'éducation, l'écrivain recommande l'introduction de l'enseignement de l'histoire des religions dans les programmes. Cela permettra de « désamorcer la bombe de la religion ». L'auteur de « la Chambre de la vierge impure » a jugé aussi nécessaire de dépasser « la culture de la honte » enseignée dans l'école et à travers laquelle on apprend à l'Algérien de « baisser les yeux ». En somme, Amine Zaoui s'est dit partisan d'« une école où l'on fabrique des citoyens qui acceptent la différence, ne sortent pas leurs poubelles avant 19h00, respectent les droits de la femme et qui ne crachent pas dans la rue. Des citoyens utiles non seulement à leur patrie mais à toute l'humanité… »
* Certains historiens ont émis des doutes sur la véritable source du discours attribué à Tariq Ibn Ziyad (ndlr).