Spécialistes et généralistes refusent l'atomisation de leurs revendications et de leur mouvement. Les médecins ne lâchent pas prise. La grève illimitée des blouses blanches continue. «Le débrayage est maintenu sous sa forme ouverte», a déclaré, hier, le Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp), lors d'une conférence de presse animée au siège du Syndicat national des paramédicaux, sis dans le même édifice que celui du Snpssp à Alger. Une autre décision importante: le rassemblement devant la présidence de la République est maintenu pour mercredi prochain. Ces résolutions mettent fin à toute spéculation sur un éventuel retrait des médecins spécialistes de la protestation. «La crise est globale, profonde et touche les deux corps de praticiens, généralises et spécialistes», a précisé le Dr Yousfi. Importantes, ces précisions interviennent dans un contexte particulier. Jeudi dernier, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a abrité une réunion de conciliation à laquelle ont été conviés les praticiens spécialistes. «La tenue de ce genre de rencontres n'est pas une fin en soi», a indiqué l'intervenant. Le président du Snpssp a mis l'accent sur un point: la crise du secteur de la santé est globale et profonde. Son traitement passe par la tenue des réunions de conciliation aussi bien avec les praticiens spécialistes que les généralistes. Même son de cloche chez le Dr Lyès Mérabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp). «Nous avons toujours été demandeurs du dialogue. Notre protestation est venue suite à la fermeture des portes des négociations», a rappelé le Dr Merabet. En ce sens, ce dernier a salué l'initiative du ministère à l'égard du Snpssp. Toutefois, il a souhaité que le dialogue soit élargi aux médecins généralistes. Cela dit, le département de Saïd Barkat semble jouer l'apaisement au moment où la contestation socioprofessionnelle des blouses blanches s'amplifie de semaine en semaine. Elle devient plus importante. Cette semaine, la protestation syndicale des médecins prend un virage décisif. Ces derniers comptent crier leur ras-le-bol devant la présidence de la République. De ce fait, les plus hautes autorités de l'Etat seront mises devant le fait accompli. Celui de reconnaître l'absence d'une politique garantissant aux médecins l'exercice de leur profession dans la dignité. Alors, l'initiative du ministère vise-t-elle la division du mouvement de protestation? Sur ce point précis, les syndicalistes ont mis les points sur les «i». «Nous n'acceptons pas l'atomisation de notre mouvement et de nos revendications», a tranché le Dr Mérabet. Les propos du Dr Yousfi n'en sont pas moins tranchants. «Nous ne sommes pas nés de la dernière pluie», a assuré ce dernier. Les deux conférenciers ont, pour la suite, énuméré les différentes tentatives de déstabilisation que la mobilisation médicale a su déjouer. Ponctions sur salaires, intimidations, infiltrations et sanctions de différentes formes ont été évoquées. A ce sujet, le Dr Mérabet a dénoncé: «Deux médecins ont été suspendus par la direction de la santé de Sidi Bel Abbès pour avoir participé à un rassemblement de praticiens.» C'est le cas d'un médecin à Télagh et d'un autre exerçant à l'hôpital de Ben-Badis. Pour sa part, le Dr Yousfi a relevé le cas d'un praticien spécialiste à Djelfa. Malgré ses aléas, la protestation gagne d'autres wilayas du pays. Il s'agit, entre autres, de Tlemcen, Batna, Djelfa, Biskra, Laghouat, Mascara, Bordj Bou Arréridj et Sétif. Pour rappel, une commission a été installée le 6 février au niveau du ministère de la Santé. Cette commission travaille sur la définition du régime indemnitaire des praticiens. A ce sujet, le Snpssp est convié à une séance de travail mercredi prochain à 14h. Pour sa part, le Snpsp est invité à une autre réunion de la même teneur le lendemain et à la même heure. Seulement, les conférenciers ont rejeté ces invitations basées sur des contradictions relevées dans le procédé. Pour le Dr Yousfi, il est inconcevable de négocier sur le régime indemnitaire sans que la porte du dialogue ne soit ouverte au Snpsp. De son côté, le Dr Mérabet estime incohérent de convier le Snpsp à négocier sur le régime indemnitaire sans passer, au préalable, par une réunion de conciliation. Le mercredi de la colère acte IV s'annonce des plus chauds.