Des villageois s'opposent au passage du gazoduc devant alimenter plusieurs communes du sud de la wilaya de Tizi Ouzou. Plusieurs centaines d'habitants du village de Cheurfa, dans la commune de Tizi N'Tleta (daïra des Ouadhias), à 35 km au sud de Tizi Ouzou, ont procédé, hier, en début de matinée, à la fermeture de la RN30 ainsi que le siège de l'APC de Tizi N'Tleta, pour protester contre le passage du gazoduc sur leurs parcelles de terres, devant desservir en gaz naturel Béni Douala et Ath Zmenzer. Les manifestants ont bloqué la circulation à l'aide de pneus enflammés provoquant un énorme brasier sur toute la chaussée, obligeant ainsi les automobilistes à emprunter des pistes impraticables pour contourner l'obstacle. La colère des habitants a commencé dans l'après-midi d'avant-hier, lundi, lorsqu'un impressionnant dispositif de sécurité a chargé une soixantaine d'habitants du village qui tentaient de s'opposer au passage des bulldozers pour le tracé de la conduite du gazoduc. Ces derniers ont fini par se disperser après les tirs de bombes lacrymogènes par les éléments de la brigade anti-émeute. Cette intervention de la force publique s'est soldée par l'arrestation de huit personnes, dont le porte-parole du comité des propriétaires terriens de Cheurfa, ainsi que de deux blessés, évacués, l'un à la polyclinique des Ouadhias, l'autre à l'hôpital de Boghni. La voie ainsi libérée, les engins sous bonne escorte ont pu procéder aux travaux de traçage de la conduite, qui se sont poursuivis jusqu'à 19h. Après le départ des forces de sécurité, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le commissariat des Ouadhias pour exiger la libération des huit personnes interpellées dans l'après-midi. Ce sera le début d'une nuit d'émeutes, pierres contre bombes lacrymogènes, qui se poursuivra jusqu'à minuit, malgré la libération, vers 22h 30, des personnes retenues au commissariat. Pour rappel, la force publique est déjà intervenue une première fois, le 14 juin 2009 pour le traçage de ladite conduite. Devant la mobilisation des habitants du village, les services de sécurité avaient reculé pour éviter la confrontation. Il y a lieu de signaler, que le bras de fer entre les habitants du village Cheurfa et l'administration de wilaya remonte à 2005. « Depuis 5 ans, nous ne cessons de manifester notre ferme opposition contre le passage du gazoduc sur nos terres. Ce sont de petites parcelles qui représentent le seul périmètre foncier qui nous reste pour permettre un minimum d'extension à notre village », soutiennent les habitants de Cheurfa, qui évoquent également la hantise du danger permanent qu'ils auraient à subir s'ils permettent le passage du gazoduc à quelques mètres de leurs habitations. « D'autant plus que les moyens de contourner le village pour le passage de la conduite existent. C'est pourquoi nous demandons au wali de dépêcher une commission d'expertise afin de trancher sur le bien-fondé de nos appréhensions », ajoutent les habitants de Cheurfa.