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Le document d'évaluation de l'Accord d'association Algérie-UE sera-t-il validé en mars ? Malgré un accord de principe, Federica Mogherini a posé des conditions
Après avoir réussi à reporter le démantèlement tarifaire qui était prévu dans le cadre de l'Accord d'association avec l'Union européenne, l'Algérie a obtenu le principe de la révision de cet accord qui, faut-il le souligner, désavantage l'Algérie. D'ailleurs, le directeur de la coopération avec l'UE auprès du ministère des Affaires étrangères, Ali Mokrani, a affirmé, hier, cité par l'APS, que le document portant évaluation de l'Accord d'association Algérie-UE sera validé en mars prochain à Bruxelles. «Le Conseil d'association se réunira en mars prochain pour valider ce qui a été finalisé par les experts et les hauts fonctionnaires», a indiqué M. Mokrani, en marge d'un séminaire de présentation du programme d'appui à la diversification de l'économie pour le secteur de la pêche, Divico2. Cette réunion sera présidée par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, et la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini. Le document de référence contient des lignes directrices «pour que les relations soient de plus en plus renforcées et apaisées», a souligné le même responsable non sans ajouter que l'évaluation va permettre aux deux partenaires de «centrer leurs relations», durant les prochaines années, sur un «rééquilibrage des intérêts» économiques, notamment sur la diversification de l'économie algérienne. «Nous sommes en train de travailler sur la prochaine programmation financière (2017-2020) qui viendrait accompagner les conclusions communes. Nous aurons ainsi réussi à remettre sur rail l'Accord d'association», a estimé M. Mokrani en précisant qu'il «n'a jamais été question de renégocier ou de réviser l'Accord, mais d'utiliser pleinement son potentiel dans le sens des intérêts mutuels». Rappelant que la diversification de l'économie s'inscrit pleinement dans le cadre du nouveau modèle de croissance lancé par l'Algérie, le directeur de la coopération avec l'UE auprès du ministère des Affaires étrangères souligne que l'énergie «restera un secteur clé» dans les relations avec l'UE, alors que les deux partenaires peuvent diversifier l'offre énergétique avec le développement des énergies renouvelables, et ce, dans le cadre du dialogue de haut niveau instauré entre les deux parties, qui devraient tenir prochainement une réunion ministérielle dans ce cadre. «La pêche, la technologie, les ressources humaines, l'industrie et l'agriculture font partie des grands axes que nous avons mis en place pour les développer en commun durant les cinq à dix prochaines années», a-t-il ajouté. Il y a lieu de préciser à ce sujet qu'en octobre 2015 une communication sur le partenariat entre l'Algérie et l'UE a été présentée au Conseil des ministres, par M. Lamamra. Le Conseil des ministres avait, alors, considéré nécessaire de réévaluer les volets économique et commercial de l'Accord d'association avec l'UE, qui n'a pas atteint les objectifs attendus. D'autant plus que la chute des revenus extérieurs du pays, du fait de la crise du marché pétrolier, a rendu davantage nécessaire cette évaluation. Rappelons, aussi, que les responsables algériens ont constaté, depuis longtemps, que l'accord d'association avec l'UE n'était pas avantageux pour le pays. Il a fallu attendre la visite de travail, en septembre dernier, de la Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini, pour que les discussions sur la révision de l'Accord d'association mis en œuvre en septembre 2005 soient lancées. Cette renégociation de l'accord intervient à la demande de l'Algérie qui considère qu'il est «déséquilibré» et qu'«elle perd plus qu'elle ne gagne» avec l'UE en matière d'échanges commerciaux et de concessions tarifaires. Ce qui est totalement confirmé par les chiffres des Douanes. D'ailleurs, ils sont, à cet égard, édifiants. En effet, de 2005 à 2015, le cumul des exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'UE n'a même pas atteint les 14 milliards de dollars, alors que les importations algériennes auprès de l'UE se sont chiffrées à 220 milliards de dollars durant la même période, soit une moyenne de 22 milliards de dollars/an. Les exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l'UE sont passées de 597 millions de dollars en 2005 à seulement 2,3 milliards de dollars en 2014 avant de baisser à 1,6 milliard de dollars en 2015. En termes d'investissements de l'UE en l'Algérie, seuls 316 projets d'une valeur de 7,7 milliards d'euros ont été réalisés par des investisseurs européens durant la période allant de 2002 à 2014. L'Accord d'association avait, pourtant, comme principal objectif de promouvoir les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'Europe et de développer les investissements européens en Algérie. Ce qui confirme, comme l'a déclaré à Bruxelles, dans un discours solennel tenu lors de la 9e réunion du Conseil d'association Algérie-UE, le ministre des Affaires étrangères que «dans ce partenariat, l'Algérie a donné plus qu'elle n'a reçu». Il convient donc de consolider l'Accord d'association dans un cadre mutuellement avantageux et une coopération sectorielle renforcée. Pour le principe, l'Union européenne a signifié clairement son acceptation pour la révision de l'accord. Néanmoins, celle-ci semble improbable, vu la réaction pour le moins surprenante de Fédérica Mogherini qui, malgré son soutien à la demande algérienne, est ligotée par l'impératif de défendre les intérêts de la communauté européenne. En effet, au moment où Alger multiplie ses déclarations en faveur d'une révision plus «juste» et plus «équilibrée», au moment où elle revendique la levée des barrières tarifaires et non tarifaires imposées aux produits algériens, au moment où elle se plaint de la baisse des investissements européens en Algérie, la Haute représentante de l'Union européenne a appelé Alger à «mettre en place des réformes ambitieuses» pour bénéficier «pleinement» de ce partenariat, propos qui placent la partie algérienne de facto dans une mauvaise posture. «Pour bénéficier pleinement de l'accord, il convient de mettre en place des réformes ambitieuses. Un exemple est celui de l'amélioration de l'environnement, sur lequel l'UE va démarrer un nouveau projet de coopération», a-t-elle déclaré. H. Y.