Les inspecteurs de la DCP sont tenus d'appliquer la loi, et ils peuvent le faire aisément. Les dépassements, out, bien entendu ! Le marché de fruits et légumes d'El Hattab, qui abrite quelques centaines de commerçants, date de plus d'un demi-siècle. C'est en quelque sorte le nombril de la ville de Annaba. Sa délocalisation, qui était pourtant prévue, (au vu des réunions périodiquement organisées entre l'union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) et la commune) ne figure plus parmi les priorités de cette dernière. La situation dans laquelle se trouve ce marché avait fait, l'année dernière, l'objet d'un projet de transfert, vite avorté, en l'absence de compromis entre les autorités de l'époque et les commerçants sur le choix d'un espace. Actuellement, c'est le centre commerçant le plus fréquenté (il draine les habitants de l'ensemble des quartiers de la ville, de la périphérie et des localités qui ceinturent Annaba), en dépit du fait qu'il ne réponde plus aux normes requises à cause du manque d'entretien. Les ordures laissées par les vendeurs de légumes jonchent l'intérieur de cet espace, dégageant des odeurs nauséabondes. A l'incivisme des commerçants, s'ajoute le désintérêt de l'APC. En effet, d'après les commerçant, « l'APC de Annaba n'a jamais pris en charge l'entretien de ce marché public ; il est dépourvu de bennes GTZ et est insalubre à cause des eaux utilisées par les marchands pour nettoyer la volaille et le poisson à l'intérieur même du marché, alors que le sol est délabré ; la mairie n'a jamais pensé à la rénovation de ce lieu important ». Il faut savoir également que dans ce marché existe un autre marché parallèle, nourri par une intense activité informelle. Il est investi par des vendeurs à la sauvette et autres pickpockets. Leurs marchandises, comme le pain, les œufs et autres légumes, sont exposées à même le sol. A ce propos, un inspecteur, contrôleur de la DCP, a déclaré ceci : « Lors de nos différentes interventions, particulièrement celles opérées tôt le matin au niveau du marché d'El Hattab, nous avons constaté que des produits de qualité douteuse et éventuellement impropres à la consommation sont mis en vente par des commerçants sans scrupules, mais toute tentative de notre part de procéder au contrôle est vouée à l'échec face aux menaces dont nous faisons l'objet. » Au-delà des risques d'agression encourus par les contrôleurs mêmes, ce qui est une aberration, les consommateurs font les frais de la qualité douteuse des produits et de la majoration excessive des prix, qui ont atteint des seuils intolérables. Un autre vendeur de volaille dira, quant à lui : « Je suis commerçant et j'active dans tout ce qui est susceptible de générer des bénéfices dans l'agroalimentaire, mais je n'ai pas les moyens de conserver la marchandise, de ce fait, je fais confiance à mes fournisseurs ; pourtant, les agents de la DCP me harcèlent à chaque fois. Mes amis commerçants m'ont appris qu'en cas de problème avec les services de contrôle, il faut aller à la justice, la bête noire des services de contrôle. En cas d'amende, refuser de payer implique la transmission du dossier à la justice, dont la décision serait de loin plus clémente que celle de la DCP. » Il n'y a pas qu'au marché d'El Hattab que la fraude et la spéculation existent, et que la commercialisation de produits avariés est banalisée, partout, dans la wilaya, on n'hésite pas à enfreindre les lois, même aux dépens de la santé des consommateurs