Une mesure qui vise à réduire le taux des dettes non performantes au niveau des banques, dont celles détenues par les jeunes entrepreneurs qui se sont engagés dans les mécanismes Ansej, Cnac et Angem. Les créances non recouvrées par les banques représentent 19% de l'ensemble des crédits accordés dans le cadre de ces dispositifs de soutien à l'emploi des jeunes, si l'on s'en tient aux estimations données hier par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors d'un discours prononcé à l'occasion des assises nationales de la microentreprise. Il a tenu à rassurer que son gouvernement allait examiner l'idée d'un rééchelonnement des dettes, puis d'affirmer que de nouvelles mesures fiscales et bancaires allaient être prises au profit des jeunes entrepreneurs. Ainsi, le Premier ministre s'est montré à la fois ferme et conciliant. Ferme en balayant d'un revers de la main les appels à l'effacement de l'ardoise de plusieurs mauvais payeurs parmi les jeunes entrepreneurs endettés. Conciliant de par cette intention affichée par son gouvernement à négocier un rééchelonnement des dettes des entrepreneurs à découvert. Même si des milliers d'entre eux sont déjà poursuivis en justice par l'Ansej et les banques, de l'avis même du directeur général de cette agence de soutien à l'emploi des jeunes, Abdelmalek Sellal ne trouve pas que l'endettement des jeunes entrepreneurs soit un problème majeur, encore moins les choix du gouvernement en matière de mécanismes de création d'emplois. Selon lui, les mécanismes Ansej et Cnac ont permis de financer et de créer un grand nombre de PME ayant généré deux millions de postes d'emploi. Mieux, plus de 190 000 microentreprises ont été créées par de jeunes diplômés de l'université et des centres de formation professionnelle. Des 681 milliards de dinars injectés dans les dispositifs de soutien à l'emploi de jeunes, 30% ont financé des projets agricoles, tandis que 20% des crédits ont été dédiés au secteur des services et 14% aux projets industriels. Plus ferme que le Premier ministre, le premier argentier du pays, Hadji Baba Ammi, lui, pose les conditions d'un rééchelonnement des dettes au profit des jeunes entrepreneurs. «Il y aura des contacts qui seront établis entre le jeune entrepreneur en difficulté et sa banque. Il va y avoir des études au cas par cas, mais l'opération (de rééchelonnement) se fera sous trois conditions», expliquait, hier, à la même occasion, le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi. Il s'agit de la disponibilité des équipements financés par la banque, «c'est-à-dire qu'ils ne soient pas vendus par l'entreprise, que le dossier ne soit pas transféré vers le Fonds de garantie des PME et que le jeune entrepreneur engage réellement des efforts pour conforter son entreprise», précise le ministre des Finances. Abdelmalek Sellal affirme que son gouvernement veut désormais favoriser les projets à haute valeur ajoutée, les startups, les investissements dans l'agriculture, l'industrie et les services. Il tentera d'expérimenter une version assouplie desdits dispositifs, dont le cahier des charges, qui sera imposé aux bénéficiaires, plaidera en faveur de la production pour s'affranchir des importations, la couverture des besoins du marché national et l'orientation vers les marchés extérieurs. Le cahier des charges en question s'accompagnera de nouvelles mesures fiscales et bancaires au profit des jeunes entrepreneurs, assure le Premier ministre. Il ne souffle mot sur la nature de ces dispositions, se contentant, pour l'heure, de faire de l'éventualité d'un rééchelonnement des dettes le cadeau inespéré à l'occasion des assises nationales de la microentreprise.