C'est dans une ambiance pédagogique, mais non moins chaleureuse qu'est projeté, pour la première fois à la Cinémathèque de Béjaïa, le film-documentaire Isabelle Eberhardt ou la fièvre de l'errance, du réalisateur jijelien Ali Akika, à l'occasion de la Journée mondiale de la femme. L'initiative est signée de l'association culturelle Isabelle Eberhardt, créée en 2016 par un groupe de passionnés bougiotes, de ce personnage aussi énigmatique que controversé. Le film est un condensé d'images, de témoignages, de citations…,livrés en 55 minutes de pur voyage dans la vie et l'œuvre de «Mahmoud», prénom qu'Isabelle Eberhard s'est donné pour passer inaperçue dans le grand Sud algérien qu'elle sillonnait déguisée en homme. Entre autres intervenants dans le documentaire, Edmonde Charles Roux, de l'Académie Goncourt, et un couple de journalistes, tous des spécialistes d'Isabelle Eberhardt. Dans un récit mâtiné de citations sur l'Algérie, prélevées sur le riche répertoire de l'écrivaine suissesse d'origine russe, Ali Akika retrace notamment son parcours algérien, de son arrivée en 1897 au port de Annaba, jusqu'à sa mort, emportée par un oued en crue, en 1904 à Aïn Sefra, en passant par ses longs séjours à Oued Souf, La Casbah d'Alger, Kenadesa… Au cours de ses 7 ans de présence en Algérie, son pays d'adoption, Isabelle Eberhardt embrasse la religion musulmane, se marie à un spahi algérien du nom de Slimane, côtoie des zaouïas et écrit beaucoup d'ouvrages (romans, nouvelles…) ainsi que des articles de journal sur l'Algérie pour le compte du quotidien bilingue El Akhbar. Ce qui fait d'elle la première écrivaine maghrébine et le premier reporter de guerre femme du monde. Akika ne manque pas, par ailleurs, d'aborder des points polémiques, comme celui, du reste toujours d'actualité, donnant Isabelle Eberhardt comme espionne du commandant de la région de Aïn Sefra, Lyautey. Personnage complexe, Isabelle Eberhardt suscite toujours la controverse sur plusieurs aspects. Mais ce qui est indéniable, c'est son amour pour l'Algérie, ses habitants, la religion musulmane et ses écrits résolument engagés contre les exactions commises par les Français à l'encontre des Algériens durant la colonisation. La projection de ce documentaire fait partie d'un plan d'action chargé prévu par l'association, qui veut partager sa passion pour Isabelle Eberhardt.