Venant de Béni Yenni ou des Ouadhias, le voyageur à destination de Tizi Ouzou, ne peut s'empêcher de s'extasier devant la beauté que lui offre cet immense lac qu'est le barrage de Taksebt. En longeant les méandres de ce qui fut, il y a peu, l'oued Assaka et aujourd'hui recouvert par cette étendue d'eau, on découvre avec plaisir ce trésor inestimable dont la nature nous a gratifié. On a longtemps rêvé de canotage, de pêche et même de tourisme à grande échelle qui donnera un peu de vie à cette partie de la Kabylie. Ces derniers temps, les canards noirs qui avaient été lâchés pour peupler les rives sont occultés par de nouvelles apparitions de couleur blanche. Des objets flottants, identifiés comme étant des sachets en matière plastique, commencent à polluer, doucement mais irréversiblement la surface. Chaque pluie apporte son lot d'objets flottants, souvent en matière plastique, donc inaltérables (bidons, canettes, bouteilles). Par endroits ce sont des tas de détritus qui se sont amoncelés et semblent attendre une hypothétique barque de collecte d'ordures qui ne passera jamais. Si l'on ne peut empêcher que des inconscients transforment les cours d'eau en décharges et si l'on ne peut éviter que les eaux de pluie charrient divers objets indésirables, on ne peut en revanche, contempler les dégâts sans réagir. Les passagers qui ne se lassent pas d'admirer Taksebt, à chacun de leur passage, se désolent du spectacle qui s'offre à leur vue. Si parmi eux, il s'en trouve des pollueurs, ils tireront certainement la leçon des conséquences de leurs gestes. Au printemps, des écoliers des différentes agglomérations situées en amont, viennent en excursion et déjeunent sur les bords du barrage. Ne faudrait-il pas, les y emmener, en cette période pour leur faire constater l'état dans lequel se trouve ce lieu de détente ? Ce serait la meilleure façon de les sensibiliser à la protection de l'environnement. Pour ce que ce barrage représente et ce qu'il peut apporter à l'agriculture, à la population qui a soif, au tourisme et autres, des décisions, même coûteuses, doivent être prises avant qu'il ne soit trop tard. L'espoir d'un barrage avec une eau claire et limpide ne doit pas sombrer dans les détritus. Le problème, insoluble de l'oued El Harrach a commencé par le laisser-aller.