Le ministère des Finances a mis en ligne, hier, la feuille de route adoptée en 2016 pour un nouveau modèle de croissance économique qui a pour ambition de diversifier et de transformer l'économie algérienne d'ici 2030. Rigueur budgétaire et austérité sont les maîtres-mots de ce document. Adopté en juillet 2016, ce programme de croissances a choisi un mode d'exécution en trois temps, en commençant par une phase de décollage (2016-2019), passant à une phase de transition (2020-2025), pour arriver à la phase de stabilisation (2026-2030). En premier lieu, une «approche rénovée de la politique budgétaire» d'ici 2019 est mise en évidence dans ce programme. Ainsi, il est dit dans le document en question que la nouvelle approche budgétaire va consister à améliorer les recettes de la fiscalité ordinaire afin de couvrir l'essentiel des dépenses de fonctionnement. Egalement une réduction sensible du déficit du Trésor et une mobilisation des ressources additionnelles nécessaires sur le marché financier interne. Le fameux nouveau modèle économique, dont on ne voyait pas encore les contours, montre dans ce document ses ambitions mais reste avare sur les moyens d'y parvenir. Pour atteindre l'objectif de la diversification et la transformation de l'économie tant attendues, le modèle de croissance, tel que présenté, mise sur une trajectoire soutenue de croissance du PIB hors hydrocarbures de 6,5% par an sur la période 2020-2030. L'intérêt pour l'industrie manufacturière sera doublé dont la part de la valeur ajoutée passera de 5,3% en 2015 à 10% du PIB à l'horizon 2030. Le secteur agricole bénéficiera d'une modernisation en vue d'atteindre l'autosuffisance alimentaire. La transition énergétique aura, quant à elle, le défi de diviser par deux le taux annuel de la consommation interne d'énergie en passant de +6% en 2015 à 3% par an en 2030. La chute des prix du pétrole qui a mis à nu la fragilité des orientations économiques du pays, entièrement dépendant des cours des hydrocarbures, fait dire aux rédacteurs du nouveau modèle de croissance qu'un ajustement budgétaire s'impose à travers des dépenses ciblées et créatrices de richesses. Le budget de fonctionnement, à titre indicatif, «devra préserver les dépenses incompressibles, tenir compte des spécificités de chaque secteur…, et la couverture en termes de transferts sociaux aux populations démunies ainsi que les produits et services de base», indique le document. En sus des mesures prises dans le cadre des lois de finances 2015 et 2016, d'autres mesures viendront compléter «une meilleure maîtrise des dépenses de fonctionnement et une plus grande efficience de l'investissement public à caractère exceptionnel et non susceptible de report». L'austérité a encore de beaux jours devant elle, promet le document mis en ligne par le ministère des finances. Les concepteurs de la feuille de route de l'économie nationale tablent sur un scénario d'ici 2019 selon lequel le taux de change s'immobilisera à 108 DA/1dollar et une inflation à 4%. Dans le cas d'un ajustement budgétaire, une évolution du prix du baril de pétrole algérien est fixée à 50 dollars en 2017, 55 en 2018 et 60 en 2019. «La progression des recettes fiscales de 11% par an en vue de couvrir progressivement les dépenses de fonctionnement à hauteur de 84% en 2019, contre 47% en 2014 et une stabilisation budgétaire aussi bien de fonctionnement que d'équipement à un montant global de 7000 milliards de dinars par an», précise ledit document en soulignant que les soldes du Trésor afficheront en 2019, sur la base des calculs cités, un niveau de -1,9% du PIB et une balance des paiements soutenables avec 2,2 milliards de dollars. La réforme fiscale se traduira par une accélération de la modernisation administrative, l'instauration d'un numéro d'identifiant commun des entreprises pour faciliter les transactions électroniques, un meilleur recouvrement et une augmentation de la TVA sur certains produits de luxe importés, et l'encouragement de l'impôt foncier afin d'améliorer les revenus de la fiscalité locale. Il est par ailleurs recommandé par les rédacteurs du document un renforcement de l'investissement dans l'industrie agroalimentaire, les secteurs de l'aval pétrolier notamment, la pétrochimie et les engrais, et le secteur en aval des ressources minières dont le fer, le phosphate, et terres rares. Ceci avec un intérêt soutenu pour les nouvelles technologies et les services.