Depuis le début de l'année, les éleveurs subissent un nouvel épisode de la fièvre aphteuse et voient avec inquiétude la propagation de la peste des petits ruminants. Si ces derniers n'ont rien à craindre pour leurs pertes, puisque l'Etat s'est engagé à les indemniser, le consommateur, lui, risque gros. Les quantités de viandes mises sur le marché sont menacées de déficit, mais la flambée des prix ne saura pas attendre. En effet, depuis l'apparition de la peste des petits ruminants, plus de 2000 têtes ont été décimées. La fièvre aphteuse affecte également un nombre important de bétail adulte. Plusieurs wilayas en sont touchées, notamment à l'ouest du pays et au Centre, essentiellement Djelfa, Tiaret, Sidi Bel Abbès, El Tarf et Oran. Pour éviter que ces infections ne se propagent encore plus, le ministère de l'Agriculture a ordonné de fermer tous les marchés de bétail. Une mesure préventive et temporaire dont la durée ne devrait pas dépasser un mois, temps record pour mettre fin à cette épidémie épizootique. Une période qui aura un impact immédiat et à long terme sur le marché. Selon Hadj Tahar Boulenouar, président de l'Association nationale des commerçants et artisans algériens (ANCA), l'offre en viande rouge a sensiblement baissée. La crainte des consommateurs a fait également baisser la demande, stabilisant ainsi les prix. «Cette baisse de l'offre et de la demande cause de grosses pertes aux bouchers. Ils déplorent une chute de 30% de leurs ventes. Parallèlement, les prix de la viande blanche ont augmenté de 20 DA le kilo. La situation, toujours maîtrisable actuellement, risque de dégénérer, si la période de fermeture des marchés de bétail est prolongée. L'approvisionnement fera défaut et les prix risquent de grimper très haut. Ceci notamment que moins de 4 mois nous séparent du Ramadhan, connu pour une augmentation de 40% de la demande sur la viande», explique notre interlocuteur. Pour lui, la grosse crainte est située chez les éleveurs qui auront peur d'investir dans un nouveau cheptel qu'ils ne pourront pas vendre, si la période de fermeture des marchés est prolongée. Il considère cette solution de fermeture comme une excellente solution, mais qui ne doit en aucun cas dépasser la période d'un mois, comme l'a promis le premier responsable du secteur. Pour lui, les services vétérinaires doivent également agir rapidement pour éradiquer cette maladie. A défaut, les importations de la viande congelée en gros se feront encore plus importantes cette année. Signalons que la production nationale de viande rouge tourne autour de 400 000 et 500 000 tonnes par an. Le besoin national est de 600 000 tonnes. Avec cette propagation des maladies épizootiques, le déficit qui tourne autour de 100 000 et 200 000 tonnes risque d'être plus important. Pour l'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (Apoce), il est impossible aujourd'hui de prédire exactement l'impact de cette épidémie sur le marché. «Le consommateur algérien est un peu lunatique et peut très bien s'abstenir d'acheter cette denrée. Cette baisse de la demande peut faire baisser, ou du moins stabiliser les prix. Ces derniers, déjà assez élevés, ne pourront grimper très haut de crainte de boycott spontané», déclare Djamel Touati, chargé des relations publiques au sein de l'Apoce. Pour mémoire, le ministre de l'Agriculture, Abdelkader Bouazghi, en déplacement à Djelfa, fief de cette maladie, a émis plusieurs instructions aux directions des services vétérinaires ainsi qu'aux walis, notamment ceux des wilayas frontalières. Ils sont censés intensifier le contrôle sur le mouvement de tous les ovins à l'intérieur et à l'extérieur du pays et veiller à soumettre tout transport de bétail vers l'abattoir à une autorisation des services vétérinaires de la wilaya concernée. Cela s'ajoute à la fermeture temporaire des marchés hebdomadaires de vente de bétail pour une durée maximale d'un mois et la dotation de vaccins aux éleveurs pour leur cheptel.