Face au risque de propagation de la peste des petits ruminants, qui a déjà décimé plus de 2.000 têtes d'ovins, le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche Abdelkader Bouazghi a affirmé jeudi que «la situation est sous contrôle». Le ministre a rassuré les éleveurs lors d'une visite dans la wilaya steppique de Djelfa, connue pour abriter le tiers du cheptel ovin du pays, que le vaccin leur sera fourni au cours de ce mois de janvier. Le ministre a indiqué que des «quantités de vaccin ont été fournies dans ce sens, permettant d'éradiquer le virus dans certaines wilayas». «Une autre quantité sera fournie au cours de ce mois pour accomplir l'opération», a-t-il ajouté, avant de souligner que «le gouvernement suit avec intérêt l'état d'avancement de cette épizootie, (et sur instruction du président de la République, Abdelaziz Bouteflika), nous avons accéléré la mise en oeuvre de plusieurs mesures». Selon le ministre, «la situation est sous contrôle». »Nous avons rencontré dernièrement les services agricoles et les inspections vétérinaires à travers les wilayas, ainsi que la fédération nationale des éleveurs et l'association nationale des éleveurs, et suivons avec intérêt la situation dans toutes les wilayas, notamment les wilayas steppiques qui disposent de millions de têtes d'ovins, à l'instar de Djelfa, El-Bayadh, Saïda et Naâma», a poursuivi le ministre. Dimanche dernier, les services vétérinaires du ministère de l'Agriculture avaient indiqué que les analyses des prélèvements effectués sur des ovins et des camelins malades ont confirmé qu'ils sont atteints de la peste des petits ruminants. El Hachemi Karim Kaddour, directeur des services vétérinaires (DSV) au ministère de l'Agriculture avait indiqué dans un premier bilan que les pertes se sont établies pour le moment entre 1.000 et 1.200 têtes d'ovins en raison de la peste des petits ruminants à travers 12 wilayas. Selon la même source, ces pertes ont été enregistrées au niveau de plusieurs wilayas, dont Biskra, Djelfa, Oum El Bouaghi, Tébessa, Médéa, Saïda, Tiaret, Laghouat, Naâma et Tlemcen. Les premiers cas de la maladie ont été découverts il y a deux mois, dans les wilayas de Tébessa, Bejaia, Laghouat et Djelfa. El Hachemi Karim Kaddour a ajouté, à l'issue d'une réunion dimanche avec les services vétérinaires relevant des directions des services agricoles des différentes wilayas, qu'une enveloppe de 400 millions de dinars a été débloquée pour l'acquisition, début 2019, d'un vaccin contre cette épidémie. Sur la question de l'indemnisation des éleveurs dont le cheptel a été décimé par la maladie, le ministre de l'Agriculture a affirmé que «dans de tels désastres, il y a une indemnisation à des degrés différents, selon l'âge du bétail. Quand les services vétérinaires constatent une perte, l'Etat soutiendra les éleveurs». Il a ajouté que «le complexe des viandes rouges à Hassi Bahbah est prêt à acquérir auprès des éleveurs les têtes d'ovins dont les viandes sont saines à consommer». Mais, le problème de l'indemnisation par les organismes assureurs reste posé : d'un côté les éleveurs ne sont pas assurés contre certaines épizooties, dont la peste des petits ruminants, de l'autre les assureurs, dont la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) exige d'abord l'identification du cheptel, ensuite sa non-transhumance, ce que contestent les éleveurs. Car si la CNMA exige une certaine immobilisation du cheptel pour l'assurer, les gros éleveurs des hauts plateaux ne peuvent se résoudre à parquer un cheptel qui transite à longueur d'année à travers les grandes régions de pâturages des hauts plateaux du pays. Jeudi à Djelfa, le ministre a fait état, par ailleurs, de plusieurs mesures de prévention, dont celle appelant les walis des wilayas frontalières à renforcer le contrôle sur le mouvement de tous les ovins à l'intérieur et à l'extérieur du pays, outre la décision de fermeture temporaire des marchés de bétail et le contrôle de leur déplacement. Le directeur des services vétérinaires Hachemi Kaddour Karim a déclaré que le ministre, qui a rassuré les éleveurs, «a ordonné l'accélération de l'achat du vaccin des petits ruminants disponible auprès de tous les laboratoires, alors que celui de la fièvre aphteuse est disponible auprès des laboratoires internationaux spécialisés. C'est pourquoi nous devons attendre les analyses pour définir le type de virus et éliminer définitivement cette maladie». De leur côté, les éleveurs ont fait part de leurs préoccupations au premier responsable du secteur, en particulier sur la protection de leur cheptel, avant de réclamer une assistance dans les plus brefs délais pour éviter la perte de leur cheptel. «La peste des petits ruminants touche principalement les chèvres et les moutons», explique un vétérinaire. La maladie sévit surtout en Afrique de l'Ouest, mais en 2008, des foyers ont été signalés au Maroc. Quatre ans après, un foyer a été enregistré en Tunisie. «Les animaux infectés excrètent le virus par les larmes, les sécrétions nasales, les expectorations et les matières fécales. Quand la maladie apparaît dans une zone, la mise en quarantaine, le contrôle des déplacements, l'abattage sanitaire, ainsi que le nettoyage et la désinfection, doivent être appliqués», selon ce vétérinaire. Selon lequel «en dehors de la vaccination et d'un traitement symptomatique visant à réduire la mortalité, aucun traitement curatif n'existe contre la maladie».