Fête des femmes, dites-vous ? Il est des dates dont on se passerait bien. Le 8 Mars en fait partie. Que signifie-t-il pour la plupart des femmes ? Rien. Sauf que la mascarade habituelle est amplifiée ce jour. Cependant, les femmes algériennes sont courageuses et patriotes. Elles sont exceptionnelles. Elle a été de tous les combats. Elles ont très tôt compris le concept révolutionnaire. Même celles qui n'ont pas été à l'école, elles ont brodé l'emblème, nourri des combattants, soutenu, au péril de leur vie, la Cause. Celle-là même qui les fait pleurer aujourd'hui. Téméraires et fières, elles l'ont été, en sortant dans la rue, à l'instar de tous les Algériens, un certain 11 Décembre 1961. La veille, elles s'étaient préparées au mot d'ordre. Elles avaient attendu, fébrilement, que le jour se lève. En ces temps-là, les hommes les trouvaient sublimes. Ils leur promettaient monts et merveilles pour l'Indépendance. Une fois celle-ci recouvrée, on sait ce qu'il en advint. Et bien plus tard, n'ont-elles pas encore façonné l'histoire en descendant dans la rue le 22 mars 1994, bravant les pires atrocités, disant non au terrorisme ? Beaucoup d'hommes en étaient restés stupéfaits ! Etonnés, mais aussi admiratifs. Pourtant, elles sont amplement diabolisées. Elles seraient derrière toutes les catastrophes, même celles naturelles. Etre femme dans notre splendide pays est bien difficile à assumer. Assurément, toutes les femmes voudraient juste être perçues comme des êtres humains, hors 8 mars, s'il vous plaît ! Des mentalités dénuées de "fair-play" Que reste t-il à célébrer d'un événement qui n'en est plus un ou qui ne l'a jamais été ? Qu'a donc la femme algérienne à célébrer en ce 8 mars 2010 ? Plus que jamais la femme algérienne reste otage des mentalités rétrogrades, de l'ostracisme et des fondamentalistes ! Le match amical qui a opposé l'équipe nationale à celle de la Serbie constitue le parfait exemple du statisme dans lequel « évolue » notre société. Il a suffi que des femmes, « contaminées » par l'allégresse générale, suscitée par la qualification de l'EN pour la coupe du monde, décident de bousculer la tradition en partageant les gradins avec la gent masculine pour que certains « vieux réflexes » reprennent vie. En fait, « ces femmes qui ont osé s'aventurer au stade ont commis un péché », selon certains imams, qui n'ont pas manqué de condamner cet acte qui les hisse ainsi au rang des mécréants. Rien que ça ! Ces femmes éprises de foot, ont donc commis un horrible sacrilège aux yeux de ces religieux lesquels ne font que clamer tout haut ce que pas mal de citoyens pensent de toutes leurs tripes. A la lumière de ces condamnations obscurantistes, la femme algérienne doit-elle réellement entrevoir le 8 mars comme une véritable fête qui la célébrerait comme un être humain à part entière, évoluant dans une société, dont elle n'attend pas la « permission » pour vivre, ou bien comme un simple après-midi récréatif entre congénères ? Une journée, une femme A Sétif, la « demi-journée » du 8 Mars est pour les plus chanceuses. Les unes font un tour à la maison de la culture pour assister à un défilé de mode et se défouler en chantant et en dansant sur des rythmes staifi ou chaoui. D'autres programment des rencontres-déjeuner dans l'un des plus grands restaurants de la ville et font, par la suite, du lèche-vitrine. Cette journée symbole est gratifiée par des présents, en guise de reconnaissance pour les femmes, qui font beaucoup pour le pays. Au fait, à quand une journée nationale pour la femme algérienne ? La femme dans la presse La rage de réussir s'observe surtout par cette porte qui s'est entrouverte et qui a été poussée pour rester ouverte à toutes les femmes qui désirent accéder à un territoire que les hommes considéraient comme masculin. C'est la responsabilité dans les entreprises de presse. Devant une telle prouesse, autant se donner les moyens d'être dans la course. La parité est désormais au rendez-vous dans le métier de journaliste. Même s'il est timide, l'accès des femmes aux postes de responsabilité suscite de plus en plus la conviction que le plafond de verre peut se craqueler par l'implication des responsables de rédaction et la perspective d'un changement des mentalités. Aucune journaliste femme n'a pu accéder au poste de rédacteur en chef. Pour quelles raisons ? Cette question ne cesse de me tarauder l'esprit. Etre femme journaliste est une lutte de tous les jours. Toutefois, pouvoir s'imposer en tant que journaliste ne se mesure pas à l'importance ou au nombre de postes de responsabilité à occuper, mais au courage et à l'ambition, et surtout, à la ténacité dont la femme fait preuve. Un travail non payant De tout temps, la femme a toujours contribué à la production, sous de multiples formes, et en premier lieu par son travail domestique. Mais depuis qu'elle a rejoint le monde du travail, elle est sujette à de diverses formes d'inégalités, de discrimination et de maltraitance malgré que notre pays est parvenu à mettre en œuvre une certaine égalité entre les hommes et les femmes. En 2010, nombreuses sont les femmes abandonnées qui se retrouvent contraintes de faire du porte-à-porte pour trouver un travail, aussi modeste soit-il, afin de nourrir leurs enfants, celles qui ne sont pas prises en considération, et qui n'obtiennent pas leurs droits les plus élémentaires. Brave sans le 8 Mars Le 8 mars ? Pour beaucoup de femmes, c'est une date comme une autre. Être considérée dans une société « masculine » comme la nôtre, nécessite énormément de bravoure. Combien de femmes ont-elle fait le sacrifice de leur vie à leurs familles, à leur patrie ? Le 8 Mars est célébré « formellement » chaque année, sans pour autant apporter un changement pour ces femmes battues par leurs maris et leurs frères, ces femmes analphabètes, qui aspirent à s'instruire. La femme algérienne se montre très souvent à la hauteur des circonstances, et ce n'est sûrement pas cette journée qui la mettra en valeur … Farida Hamadou , Leïla Benani, Lydia R., Mouna Merrouche, N. Benouaret , Selma B.