La lutte de la femme algérienne pour l'acquisition de ses droits sociojuridiques reste une revendication de l'Algérie moderne. A l'occasion de cette journée hautement symbolique, des femmes qui font et animent la scène culturelle et politique, témoignent de la réalité de la condition féminine en répondant à deux principales questions: «Que représente pour vous cette journée du 08 mars?» et «Comment voyez-vous l'avenir de la femme algérienne?» le choix des ces personnalités féminines est purement fortuit. Dalila Helilou, comédienne et sénatrice révèle que «la journée du 8 Mars représente toute la fierté de la femme, elle s'est toujours imposée par sa sincérité, sa culture et son éducation. Cependant, ce qui est décevant c'est le fameux Code de la famille, je ne me retrouve pas ni en tant que femme ni en tant qu'être humain. Les textes inclus dans ce code n'ont aucun rapport avec l'homme algérien arabo-musulman, si le prophète Mohamed (Que Le Salut Soit Sur Lui) avait été présent lors de l'amendement de ce texte, «il se serait évanoui»... Moi en tant que femme je ne fais plus attention à ce code, je me battrai jusqu'au bout...» Pour la réforme du code de la famille, «il nous faut des personnes qui ont un niveau intellectuel très élevé, qui respecte la femme et la famille», dira-t-elle. Concernant l'avenir de la femme algérienne: «il ne peut être que meilleur, elle a un parcours dont elle pourra être fière tout en gardant la tête haute, on n'a pas besoin qu'on lui consacre cette journée puisque sa fête, est toute l'année. En somme c'est à elle de s'imposer», nous a-t-elle affirmé. Mme Bouchentouf Mehadja, directrice du Palais de la culture Moufdi-Zakaria a sa propre manière de fêter cette journée, même si celle-ci paraît très peu pour parler de la femme: l'organisation de grandes manifestations consacrées à la femme dans les différents espaces du palais. Aujourd'hui, la femme algérienne a pu s'investir dans les PME/PMI. «On trouve actuellement un nombre très important de jeunes femmes chefs d'entreprise, et ce, dans quasiment tous les coins du pays. Par sa compétence, la femme a montré qu'elle pouvait être dans n'importe quel domaine et concurrencer n'importe qui. Elle a réalisé tellement de choses qu'on n'y prend presque plus attention», nous a-t-elle précisé. Qu'en est-il de l'avenir de la femme algérienne?«Je suis très optimiste par rapport à l'avenir de la femme elle prendra une immense part dans la vie politique, sociale, et familiale. Le 8 Mars est juste une journée symbolique, la femme a toujours été et sera ancrée dans la vie quotidienne, sans la femme il n'y a rien...». Houria Bouhired, architecte et présidente de la fondation Sauvons La Casbah, lorsqu'elle nous parle de la femme algérienne, il est inévitable pour elle d'évoquer sa mère: «Elle me voyait, confie-t-elle me battre pour la sauvegarde de ce site, avant de quitter ce monde, elle m'avait dit un jour: «On a essayé de bafouer ma dignité, de confisquer ma révolution. Mais une chose que je te demande, c'est de sauvegarder la Casbah, si tu préserves la pierre, un jour elle dira la vérité». De l'avis de Bouhired, la femme a été constamment au premier rang, elle a été un éléments déterminant dans la libération du pays, elle a assumé des responsabilités que peut-être le sexe opposé n'a pas pu assuré. «La femme est un leitmotiv permanent», renchérit-elle. Concernant le code de la famille, Mme Bouhired espère qu' «il atterrira un jour à l'Assemblée, avec la présence de Mme Boutheïna Cheriet, ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargée de la condition féminine. Je lui fais confiance...» Sylia, la chanteuse du raï que nous avons rencontrée a tenu, elle aussi, lors de cette rencontre à s'exprimer sur la journée de la Femme. «Le 08 Mars représente le grand ouf de la femme algérienne à travers tout le combat qu'elle a mené et continue toujours à mener, elle a quand même pu briser le silence et casser les tabous en occupant de hautes responsabilités dans quasiment tous les domaines, c'est un vrai pilier de la société. Aujourd'hui, on a beau lui consacrer une journée, il n'en demeure pas moins que cela n'est pas suffisant tant que les textes du code de la famille demeurent en suspens» Bahadja Rahal, (interprète du nouba et du haouzi), pour elle, cette journée symbolise le combat continu, l'acharnement, le courage de toutes ces femmes opprimées.«En Algérie, la parité homme-femme n'est toujours pas acceptée. La femme a appris à se prendre en charge, elle n'attend ni l'aide ni l'avis de l'homme (père, frère, mari ou fils) pour avancer dans son travail, sa carrière. Depuis quelques années, elle est présente partout. La femme fera l'avenir de l'Algérie». pour Leïla Boukli, chargée commerciale à la Chaîne III, le 8 mars signifie pour elle «tout simplement une journée de combat, de lutte pour l'amélioration des femmes, pour qu'elles voient leurs conditions de vie s'améliorer». Et d'insister: «Il ne faut jamais oublier que la commémoration de cette journée revient aux Américaines qui ont lutté, revendiqué pour qu'il y ait de meilleures conditions de travail, notamment, des horaires, un salaire égal, etc. Pour moi, la plus grande victoire, c'est d'être considérée en tant que citoyenne à part entière, qui a des droits et des devoirs également et des obligations. Le 8 mars, c'est avant tout, une journée de combat et de mémoire. Se souvenir de ce que nos aînés ont fait et continuent à faire, pour que l'Algérie qui nous est chère se développe sur tous les plans. Je suis d'accord avec cet adage qui dit que rien ne se donne mais que tout s'arrache. L'avenir de la femme va dépendre de son combat. Et si un jour, l'Algérie devient réellement démocratique, comme on le souhaite, et bien, je pense que la femme retrouvera ses marques. Pour paraphraser Aragon que j'aime beaucoup, je dirai: La femme est l'avenir de l'homme, et j'y crois. C'est nous qui lui donnons l'éducation et il sera ce que nous, nous voulons qu'il soit. Je suis, par ailleurs, très confiante en l'avenir de l'Algérie. La femme n'a plus rien à démontrer, sinon dans l'éducation de ses enfants. Si elle veut, elle ira loin.»