La police de Dubaï a accusé, hier, Israël de « falsification à grande échelle » de passeports de ressortissants occidentaux, affirmant avoir découvert de nouveaux documents de voyage « manipulés ». « Je tire la sonnette d'alarme : Israël se livre à une opération de falsification à grande échelle de passeports occidentaux. Le monde occidental doit s'opposer à ces pratiques sans précédent menées par un Etat », a déclaré le chef de la police de l'Emirat, le général Dhahi Khalfan. Cette annonce intervient au lendemain de l'émission par Interpol de 16 nouveaux avis de recherche dans l'affaire de l'assassinat en janvier à Dubaï d'un cadre du mouvement palestinien Hamas, Mahmoud Al Mabhouh. Elles portent à 27 le nombre de ces demandes d'arrestation concernant des ressortissants britanniques, australiens, irlandais, français et allemands. Au lendemain de l'émission des avis de recherche par Interpol, la justice de Dubaï a émis des mandats d'arrêt contre les 16 personnes qu'elle accuse, selon un communiqué officiel, d'« association de malfaiteurs et de meurtre avec préméditation ». La police de Dubaï, qui accuse le Mossad, le service de renseignement extérieur israélien, de cet assassinat, avait publié fin février une liste de 26 porteurs de vrais-faux passeports occidentaux dont les suspects avaient usurpé les identités des détenteurs. Le général Khalfan a indiqué que ses services avaient découvert depuis l'affaire Mabhouh « des dizaines de passeports manipulés » de la même façon, en contrôlant plus strictement les Occidentaux arrivant à Dubaï. Identités meurtrières Il a refusé de préciser la raison de l'arrivée à Dubaï des porteurs de ces passeports, ni le sort qui leur avait été réservé, laissant entendre qu'ils pourraient être venus à des fins d'espionnage. « Je suis étonné par l'ampleur de ce phénomène, car nous découvrons chaque jour de nouveaux passeports falsifiés », a dit le général Khalfan, appelant les autres pays du Golfe à se montrer vigilants. Il a par ailleurs estimé que l'émission par Interpol de 16 nouveaux avis de recherche allait « contribuer au progrès de l'enquête et de la traque des suspects ». Ces nouveaux avis visent une « deuxième équipe soupçonnée d'avoir aidé et encouragé la première en faisant le guet et en procédant à la filature de Mahmoud al Mabhouh », selon Interpol. Des personnes munies de passeports britanniques, australiens et français figurent sur cette nouvelle liste. Le 18 février, l'organisation de coopération policière internationale, basée à Lyon (France), avait déjà lancé 11 avis de recherche à l'encontre de membres présumés du commando soupçonnés d'avoir directement participé à l'assassinat. Interpol a souligné lundi la difficulté à faire la lumière sur cette affaire, les suspects ayant été identifiés sur la base d'identités d'emprunt. Un 27e suspect, dont Dubaï n'a pas révélé l'identité, serait, selon Interpol, un homme dont le nom est Joshua Aaron Krycer. A Sydney, le ministre australien des Affaires étrangères, Stephen Smith, a indiqué que M. Krycer était Australien et que son passeport avait été « frauduleusement copié », comme ceux de trois autres Australiens dont les noms ont été évoqués dans cette affaire.