C'est en quelque sorte une prise d'otages, heureusement limitée dans le temps, qu'un groupe de jeunes étudiantes du département des sciences de la communication Plaine-Ouest Annaba a vécue mercredi dernier. Alors qu'elles venaient de prendre place dans le bus chargé de les transporter, ces jeunes filles avaient été surprises de voir monter un groupe d'énergumènes armés d'un sabre à la lame effilée et de tessons de bouteilles. « Vous devez toutes nous remettre vos portables et tout autre objet de valeur. Quiconque tentera de s'opposer en paiera les conséquences », avait, selon plusieurs étudiantes, menacé un des énergumènes, déterminé tout autant que ses acolytes à voir le sang couler. Il a fallu tout le courage du chauffeur du bus qui a agi intelligemment pour faire fuir les agresseurs pour les uns, les ravisseurs pour les autres. Cette attaque à main armée vient compléter de nombreuses agressions que les étudiants et les habitants de cette zone de la cité Plaine-Ouest ont vécues ces derniers mois. En fait, acculés par les services de sécurité au centre-ville où ils activaient en toute liberté, les délinquants et repris de justice se sont rabattus sur les cités. Armés de couteaux, lames de rasoir et bombes lacrymogènes, ils se sont transformés en véritables bandits de grands chemins. Pas un jour ne passe sans qu'un étudiant, enseignant, mère ou père de famille soit agressé et, sous la menace, délesté de ses biens. Les agresseurs de l'autobus, qui auraient été arrêtés par les policiers alertés, seraient les auteurs de ces actes. Pour avoir osé s'opposer à cette façon de faire, une jeune enseignante universitaire s'est retrouvée jetée à terre, rouée de coups et presque violentée et ses biens volés par ses deux agresseurs. Les deux vauriens avaient agi calmement sans se presser comme s'ils avaient la certitude que les policiers du commissariat, implanté à 200 m plus loin, ne réagiraient pas. Selon un étudiant, ils seraient au nombre de quatre, toujours les mêmes, et qui utilisent la stratégie par deux, c'est-à-dire deux font le guet et les deux autres agissent. « Ce lundi, je me suis présenté, j'ai téléphoné à police secours pour l'alerter de la présence des deux malfrats qui avaient agressé une de nos consœurs. On m'a répondu qu'ils ne pouvaient se déplacer, car tous leurs effectifs étaient réquisitionnés pour assurer la sécurité durant la rencontre USMA-ESS », a affirmé M. Saldi, qui s'était présenté à notre rédaction pour souligner que la situation risque d'entraîner à très court terme mort d'homme, si rien n'est fait pour l'arrestation de ces énergumènes. « Ça dure depuis des mois. Chaque jour apporte son lot d'agressions sur des étudiants. On a l'impression que ces truands sont certains de leur impunité et qu'ils peuvent agir en toute tranquillité, détroussant et agressant les honnêtes gens et surtout les étudiants. On ne peut plus s'aventurer tout seul aux alentours du département de la communication de la cité Plaine-Ouest sans risquer d'être agressé à coups de lames de rasoir ou de couteaux de boucher », indique Mohamed Raouf, étudiant. Malgré un nombre effarant de plaintes déposées quotidiennement au commissariat compétent, l'on ne semble pas prêt à agir pour éradiquer ce qui ressemble à un véritable fléau. Apparemment encouragés par le laxisme des services de sécurité dans cette cité à forte concentration de population dont celle estudiantine, les malfrats ont redoublé de férocité. Les délits de vol par effraction des logements figurent également parmi les problèmes que vit la population de cette grande cité. Blasés face à la réponse, toujours la même, des policiers : « Pas d'effectifs, pas de moyens », les citoyens attendent le moment de se faire eux-mêmes justice. C'est à partir de là que la déclaration de M. Saldi quant aux risques de mort d'homme prend toute sa signification.