Le chef du gouvernement tunisien a souligné que la Tunisie a toujours observé la neutralité dans ce vieux conflit entre les deux pays frères. M. Chahed a également fait remarquer que la délégation tunisienne est venue à Rabat pour discuter des relations bilatérales entre les deux pays et des moyens de les relancer et de les renforcer. La délégation n'est donc pas là pour prendre position sur un sujet d'ordre diplomatique comme celui-là, a mentionné le chef du gouvernement tunisien. Manœuvres marocaines Suite à cette réaction tunisienne, le roi Mohammed VI n'a pas reçu le chef du gouvernement tunisien à sa résidence de Casablanca. Raison invoquée : une indisposition du roi. Pourtant, selon les us et coutumes diplomatiques, le roi du Maroc reçoit son invité tunisien, surtout si, comme le dit le chef du gouvernement marocain, «le roi accorde une importance particulière à la relation avec la Tunisie». Par ailleurs, il est à rappeler qu'en matière constitutionnelle tunisienne, le chef du gouvernement constitue la tête du pouvoir exécutif, choisi par l'Assemblée des représentants du peuple. Donc, de là à dire que le souverain marocain n'a pas apprécié le geste tunisien et que son indisposition est «diplomatique», il n'y a qu'un pas que plusieurs politologues ont franchi. Les observateurs et les médias en Tunisie ont exprimé leur étonnement quant à cette manœuvre marocaine, surtout que la Tunisie a toujours observé une parfaite neutralité dans ce conflit entre le Maroc et l'Algérie, et ce n'est pas aujourd'hui que cela va changer, ont-ils insisté. Les mêmes observateurs ont valorisé Youssef Chahed, qui a fait preuve d'une force de caractère évidente et d'un sens politique aigu. En effet, il a pris le risque d'offusquer les Marocains chez eux, dans le but de préserver les intérêts nationaux tunisiens et la qualité des relations avec l'Algérie voisine. La récente approbation par la Tunisie du retour du Maroc à l'Union africaine ne signifie nullement un quelconque soutien à la thèse marocaine dans la question du Sahara occidental, affirment les mêmes sources. Les Tunisiens déplorent surtout que cette position ait été mise dans le communiqué final, sans qu'il y ait une quelconque concertation avec la partie tunisienne. Le chef du gouvernement tunisien a été mis devant le fait accompli. Mais, il n'a pas eu froid aux yeux à rectifier le tir avec toute la diplomatie requise.