Youcef Chahed a découvert le baiser de Judas Attentif, Youcef Chahed a découvert, à son grand étonnement, une tentative des Marocains de lui faire épouser leur thèse sur le Sahara occidental dans tout un paragraphe. Le Premier ministre tunisien a alors catégoriquement refusé de parapher le document. Afin de dynamiser des relations devenues insignifiantes entre la Tunisie et le Maroc, le Premier ministre Youcef Chahed a effectué une visite de travail au Maroc les 18 et 19 juin derniers, au cours de laquelle il a eu avec son homologue Saadedine El Othmani des pourparlers qualifiés de «chaleureux» et de «constructifs», concrétisés par la signature de 13 accords de coopération relatifs à la promotion des investissements au bénéfice des deux pays ainsi qu'à la ressource humaine en attente de formation professionnelle et de protection du consommateur. Mais c'est au moment de la signature du communiqué commun sanctionnant la tenue de la 19ème session de la Haute Commission mixte qu'un incident a eu lieu. Attentif, Youcef Chahed a découvert, à son grand étonnement, une tentative des Marocains de lui faire épouser leur thèse sur le Sahara occidental dans tout un paragraphe. Le Premier ministre tunisien a alors catégoriquement refusé de parapher le document, arguant du souci constant de la Tunisie de rester neutre dans un conflit qui mine le Maghreb tout entier et rappelant qu'il était venu pour discuter des relations bilatérales et des moyens de les relancer. La délégation tunisienne n'est donc pas venue au Maroc pour prendre position sur un dossier diplomatique aussi complexe que celui-là a encore asséné Youcef Chahed. Le Premier ministre tunisien a immédiatement mesuré les conséquences dramatiques d'une absence de vigilance, son pays espérant cet été pas loin de deux millions de touristes algériens dont a cruellement besoin le tourisme compromis par les différents attentats terroristes du Bardo (Tunis) et de Sousse, notamment. Mais voilà que la présence d'esprit de Youcef Chahed a eu un autre effet, aussi imprévisible: celui d'indisposer le roi qui, du coup, a annoncé son incapacité à le recevoir pour cause d'un...malaise conjoncturel. Balayant les usages diplomatiques et le programme établi par le protocole bien avant l'incident, Mohammed VI qui, dixit le Premier ministre marocain dans son allocution de bienvenue, «accorde une importance particulière à la réunion avec la Tunisie» et qui multiplie les égards et les audiences «officielles» à l'adresse de l'ancien président tunisien Moncef Marzouki, devenu un hôte quasi permanent des résidences marocaines, a voulu par ce geste signifier son courroux envers Youcef Chahed, respectueux de la ligne établie par son pays en matière de politique étrangère. Le Premier ministre tunisien a su déjouer le piège du Palais et, sans verser outre mesure dans l'incident diplomatique, il a fait preuve d'une grande force de caractère et d'un sens politique aigu auquel ne s'attendaient nullement ses «hôtes» royaux...