La réunion sera dominée par la présentation des résultats des enquêtes menées au niveau de plusieurs ligues par la commission de coordination des ligues instruite par le bureau fédéral pour faire toute la lumière sur les affaires et scandales qui ont rythmé la vie des ligues au cours de la saison 2016-2017. Ce qu'ont découvert les trois membres chargés des enquêtes, Amar Bahloul, Ghouti et Oumamar, est effarant. La Ligue interrégions (LIRF) a délivré une licence à un joueur en janvier 2017 alors que les règlements du championnat de football amateur indiquent qu'il n'y a qu'une seule période d'enregistrement (30 juillet-31 août). La LIRF a transgressé le règlement. La licence a été délivrée hors délai. Les conséquences ont été dramatiques sur l'intégrité de la compétition. L'influence est avérée. Grâce à un travail minutieux, les membres de la commission de coordination des ligues ont mis à plat toutes les preuves de la forfaiture et démasqué ses auteurs. Des centaines de documents consultés, il ressort qu'il y a eu collusion entre 3 ligues (LFP-LNFA-LIRF). La Ligue de football professionnel a donné son onction en acceptant de rayer le nom du joueur cité de l'effectif de l'ASO (saison 2016-2017) sur présentation d'un simple certificat médical attestant que le joueur est inapte à la pratique du sport en raison d'un problème méniscal (sic). A l'époque, la Ligue interrégions était gérée par la Ligue de football amateur (LNFA). Ali Malek, président de la LNFA, et Youcef Benmedjbar, président de la LIRF, se rejettent mutuellement la responsabilité de ce scandale. 3 ligues impliquées dans un scandale Les membres du bureau fédéral seront édifiés lorsqu'ils prendront connaissance de la synthèse de cette affaire qui a souillé les ligues incriminées et l'image du football. L'article 94 des règlements du football (infraction relative à la licence) prévoit à l'alinéa 3 (falsification de la licence de joueur par la ligue) : «Si la responsabilité de la ligue est avérée dans la fraude ou la falsification de la licence, les sanctions suivantes sont prononcées : annulation de la licence, interdiction à vie d'exercer toute fonction et/ ou activité en relation avec le football pour les membres fautifs de la ligue, licenciement du ou des employés concernés, poursuites judiciaires pour faux et usage de faux.» Dans cette affaire, l'influence est établie. Le championnat a été faussé. Des sources proches du dossier ont l'intime conviction que «la forfaiture a été négociée et s'est concrétisée en contrepartie de versement et de perception de fortes sommes d'argent». Voilà à quoi est réduit le football en Algérie. Le bureau fédéral doit adopter une conduite exemplaire et sans faille vis-à-vis de tous ceux qui sont impliqués dans cette lamentable affaire. Malheureusement, ce n'est pas la seule. Une autre affaire tout aussi scandaleuse que la première sera portée à la connaissance des membres du bureau fédéral. Elle oppose le WAB Tissemsilt à la LIRF. Le club a dénoncé la programmation de sa rencontre contre Freha (30e journée) à 11h, alors que les autres rencontres du groupe étaient programmées à 15h. Sur les 4 matchs où l'enjeu était le maintien, seul celui du WABT a été programmé à 11h, alors que, depuis le scandaleux match Allemagne-Autriche en 1982, la FIFA a instruit les confédérations pour que toutes les rencontres de la dernière journée d'un tournoi ou d'un championnat se déroulent le même jour et au même horaire. La commission de coordination des ligues s'est penchée sur cette affaire et a relevé d'énormes aberrations qui ont pénalisé Tissemsilt. La ligue de Benmedjbar a commis d'autres fautes (intentionnelles ?) pour nuire à des clubs.
Des Éléphants dans un magasin de porcelaine Elle a homologué la 30e journée moins de 12 heures après la fin des rencontres de la journée, sans consulter les feuilles des matchs et les rapports d'officiels. La LIRF ignore-t-elle ce que précise l'article 69 du règlement du football amateur (homologation des matchs) ? Pour rappel voilà ce qu'énonce l'article cité : «La ligue est tenue de procéder à l'homologation des résultats techniques de chaque match officiel au plus tard dans les trois jours qui suivent la date de la rencontre, sauf en cas de réserves. Dans ce cas, l'homologation est prononcée immédiatement après la décision de la commission de discipline ou épuisement du recours s'il y a lieu. Toute rencontre homologuée ne saurait faire l'objet de contestation ni d'aucune autre réclamation.» En prononçant l'homologation des résultats techniques moins d'un jour après la clôture de la journée, la LIRF a privé les clubs du droit de réserve. Toujours pour l'affaire de Tissemsilt, la LIRF n'a pas consulté les feuilles de match de la 30e journée au cours de laquelle un club au moins a aligné 8 juniors. Le règlement, chapitre influence, prévoit : match perdu et défalcation de 9 points aux clubs qui n'ont pas respecté le règlement. Que dire alors d'une rencontre où un dentiste a remplacé un médecin sans que la LIRF ne réagisse et applique ce que prévoit le règlement ? Au niveau de nombreuses ligues, ce n'est pas mieux. Celle d'Illizi traîne un scandale qui devrait déboucher sur le renvoi du président pour cause de falsification d'un PV de réunion qui traitait de modalités d'accession et de rétrogradation. La ligue d'Illizi n'est pas la seule où il y a eu trafic et falsification de documents. Les ligues de Khenchela, Béjaïa, Boumerdès, Aïn Defla… , la liste est longue, ont toutes versé dans l'interdit. Le président de la Fédération, Kheirredine Zetchi, a instruit ses trois collègues du bureau fédéral de mener des enquêtes approfondies sur les agissements antiréglementaires de tous les gestionnaires des ligues. La moisson dépasse tout entendement. Les sanctions doivent être à la hauteur des fautes commises par les gestionnaires des ligues. Ce qui arrive est tout sauf une surprise. La Fédération doit prendre ses responsabilités à l'égard des responsables de ligue indélicats et impliqués dans des scandales qui ternissent leur image et celle du football. Lorsqu'un éléphant est lâché dans un magasin de porcelaine, les dégâts sont incommensurables.