Le Conseil exécutif de l'Union africaine (UA) a réaffirmé, à la clôture de sa 31e session tenue depuis vendredi dans la capitale éthiopienne, son soutien à la cause sahraouie. Dans la foulée, il a confirmé l'envoi d'une mission africaine d'évaluation des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés. La délégation marocaine présente à Addis-Abeba a essayé, sans succès, de bloquer l'initiative. Malgré leur intense travail de lobbying, les diplomates marocains se sont retrouvés en minorité. Il s'agit de la première défaite essuyée par le Maroc depuis son adhésion à l'organisation continentale en janvier dernier. Les membres de la délégation sahraouie présents à Addis-Abeba se sont d'ailleurs félicités publiquement du fort soutien accordé par les membres de l'UA à leur cause. «Le Maroc, dont c'est la première participation aux travaux du sommet de l'UA, a échoué dans sa tentative d'enlever des paragraphes dans les rapports de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples qui était mandatée, sur décision du Conseil exécutif de l'UA, pour faire un rapport et une évaluation sur la question des droits de l'homme dans les territoires occupés de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD)», a indiqué le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek. Le chef de la diplomatie sahraouie a expliqué qu'après la tentative marocaine, «le Conseil exécutif, après un débat très important, a mandaté le Nigeria pour trouver un consensus, lequel a rétabli la Commission dans ses fonctions et dans son mandat». Mohamed Salem Ould Salek a rappelé que la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples a déjà fait un rapport en 2013 sur le Sahara occidental. Cette commission a visité les territoires libérés et les camps de réfugiés, a-t-il dit, dénonçant, toutefois, «le refus à deux reprises par le Maroc de permettre à la Commission africaine de visiter les territoires occupés». «Le Maroc a refusé aux organisations des droits de l'homme, aux hommes politiques et à la presse de visiter les territoires occupés», a précisé M. Ould Salek, soulignant que «le Maroc, qui a récemment expulsé deux journalistes américains, a quelque chose à cacher». Le MAE sahraoui a indiqué que le royaume, devenu membre de l'UA depuis janvier dernier, «doit se conformer à l'acte constitutif de l'UA qu'il a ratifié et qui lui interdit d'occuper un autre Etat membre». L'UA préoccupée De son côté, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, s'est dit, hier à l'ouverture à Addis-Abeba du sommet de l'organisation continentale, préoccupé par l'impasse actuelle concernant le conflit au Sahara occidental. «Bien que nous nous félicitons de la baisse des tensions autour d'Al Guerguerat au Sahara occidental, de la nomination d'un nouveau représentant personnel du secrétaire général des Nations unies et de son intention de lancer une nouvelle initiative de règlement pacifique du conflit, nous restons préoccupés par l'impasse actuelle», a déclaré M. Moussa Faki. Aussi, il a dit «espérer que la présence des deux parties en conflit comme membres de notre Union facilitera une solution consensuelle, conforme à la légalité internationale, qui garantira le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Tous les observateurs présents dans la capitale éthiopienne ont interprété l'intervention de Moussa Faki Mahamat comme une volonté claire de l'Union africaine de mettre la pression sur le Maroc afin de l'amener à respecter ses engagements.