Diversement suivis selon les facultés, les sit-in avaient pour objectif de collecter les listes des enseignants «devant être transmises aux différentes autorités (Parlement, Présidence, etc.), afin de les sensibiliser sur la situation catastrophique de ce corps», indique Nadir Yahiaoui, coordinateur national des enseignants vacataires, présent avec ses collègues devant la faculté Benyoucef Benkhedda (Alger 1). L'action d'hier est intervenue après des rassemblements organisés devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur. A l'issue du premier rassemblement «consultatif» le 9 juin, des délégués avaient été reçus par le ministre de l'Enseignement supérieur, Tahar Hadjar, qui a renvoyé la balle à la Fonction publique, «seule habilitée à ouvrir des postes budgétaires». Lors du deuxième rassemblement le 3 juillet, les protestataires reçus par le directeur de la formation et de l'enseignement, Ghouali Noureddine, ont présenté le texte du décret 98-254 relatif à la formation doctorale, à la post-graduation spécialisée et à l'habilitation universitaire qui stipule dans son article 15 que «les spécialités ouvertes en formation doctorale doivent être en adéquation qualitative et quantitative avec les besoins par filière et sous-filière en enseignants universitaires et chercheurs». Les protestataires réclament le recrutement automatique des enseignants vacataires, actuellement en poste, les nouveaux titulaires du magistère et les doctorants. «Il y a actuellement jusqu'à 250% de postes de vacataires par rapport aux postes permanents dans certaines universités. Les post-gradués devaient être automatiquement recrutés vu que les concours étaient organisés selon des besoins», souligne le coordinateur. Les vacataires font fonctionner tous les établissements du supérieur du pays : 203 vacataires pour 63 permanents à Barika (Batna), 308 vacataires dans la seule faculté des sciences économiques à Dély Ibrahim (Alger)… A la faculté des sciences sociales de Tizi Ouzou (Tamda), 85% du corps enseignant sont des vacataires. «Il y a, dans la seule faculté de Tamda, 380 vacataires pour 450 permanents, soit plus des deux tiers des effectifs. Ils assurent les mêmes tâches d'encadrement, de correction et de soutenance et parfois plus que leurs collègues permanisés, avec des salaires modiques : 500 DA/h. Il faut savoir que les salaires versés annuellement ne dépassent pas les 30 000 DA», s'indigne un enseignant d'un collectif mis en place dans cette faculté de l'université Mouloud Mammeri où, par représailles, les postes budgétaires sont «ouverts au compte-gouttes». A M'sila, les enseignants vacataires «ne sont même pas rémunérés alors qu'un budget est alloué aux contractuels et autres vacataires», s'étonne Yahiaoui. Les protestataires réclament de la tutelle l'ouverture de «postes spécifiques» pour les étudiants en magistère indépendamment de leurs collègues du doctorat. Ils exigent aussi l'application du «principe de priorité» dans l'accès aux vacations suivant leurs diplômes. «L'arrêt ministériel 500-47 du 6 juin 2016 donne étonnement la priorité pour les heures supplémentaires aux masters. Nous réclamons l'abrogation de ce texte», exige Yahiaoui. A défaut d'une réaction de la tutelle, les protestataires exigent l'intervention du président de la République pour «faire cesser l'exploitation et l'exclusion des diplômés dans les universités algériennes».