Les contractuels de l'enseignement supérieur réoccupent la rue. A l'appel de leur coordination nationale, des enseignants, venus des différentes universités du pays, ont organisé jeudi un rassemblement devant le ministère de l'Enseignement supérieur. «Les universités du pays fonctionnent avec 40% de contractuels. La situation déplorable de l'université est la conséquence directe de l'absence d'encadrement tous paliers confondus et de la précarisation du personnel enseignant. Par notre action, nous dénonçons la fuite en avant de la tutelle, qui refuse de prendre en charge nos revendications», s'indigne le coordinateur national des enseignants contractuels détenteurs de magister et de doctorat, Yahiaoui Nadir. Les protestataires ont brandi des affiches pour exiger la prise en charge par le département de Tahar Hadjar de leurs revendications : «Pas d'université de qualité sans prise en charge des revendications des enseignants contractuels», «Titularisation des enseignants contractuels»… Aucun représentant des enseignants n'a été reçu au ministère. Organisés en comités locaux, les enseignants ont entrepris ces derniers mois plusieurs actions (juillet, août) pour exiger la prise en charge de leur plateforme de revendications, dont la plus importante reste leur titularisation pour «combler le déficit dans le secteur», précise une déclaration rendue publique à l'issue du rassemblement. En juillet dernier, le ministre de l'Enseignement supérieur, M. Hadjar, a annoncé le recrutement de 2836 enseignants vacataires pour l'actuelle rentrée. «Malgré la crise financière par laquelle passe le pays, le ministère ouvre les portes du recrutement. Ainsi, près de 3000 enseignants vacataires seront recrutés, en prévision de la prochaine rentrée universitaire», a-t-il annoncé lors de l'ouverture des travaux de la conférence nationale des universités. Textes de loi bafoués Les enseignants s'appuient dans leur revendication sur les textes régissant l'enseignement supérieur : l'article 15 du décret exécutif 98-254 relatif à la formation doctorale, à la post-graduation spécialisée et à l'habilitation universitaire dispose que «les spécialités ouvertes en formation doctorale doivent être en adéquation qualitative et quantitative avec les besoins par filière et sous-filière en enseignants universitaires et chercheurs». Ils présentent aussi l'article 80 de l'ordonnance 06-03 portant statut général de la Fonction publique concernant le «recrutement direct» parmi les candidats ayant subi une formation spécialisée. Un autre argument plaide en leur faveur : le déficit en personnel enseignant (20 000). Dans leur déclaration rendue publique à l'issue de leur sit-in de jeudi, les protestataires dénoncent l'absence d'un recensement des postes vacants. «Le ministère de tutelle préfère se dérober en n'ouvrant pas de nouveaux postes budgétaires. Il se contente d'exploiter des contractuels qui représentent 40% de l'effectif global (64 000 pour 1,7 million d'enseignants, ndlr)», lit-on sur la déclaration. Les contractuels comptent durcir leur mouvement en organisant des rassemblements au niveau des rectorats de toutes les universités du pays. «Nous maintenons la pression. La prochaine action sera des rassemblements devant tous les rectorats du pays pour montrer à la tutelle notre détermination. Nous n'allons pas lâcher jusqu'à la prise en charge de toutes nos revendications», signale le coordinateur national, Nadir Yahiaoui.