La question de l'indiscipline dans le respect des quotas de production au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) pourrait constituer un sujet important de débat lors de la prochaine conférence que tiendra l'Organisation mercredi prochain à Vienne. Avec la remontée des prix observée durant le deuxième semestre 2009, la discipline s'est relâchée et l'augmentation de la production de pétrole est devenue importante. Si au début de l'année 2009 quelques pays avaient marqué le pas en évitant d'appliquer les réductions, actuellement l'indiscipline semble être devenue générale. Il est vrai que le niveau actuel des prix ne constitue pas un danger. Depuis le début de l'année, le baril de pétrole est en moyenne à plus de 76 dollars. Toutefois, l'approche du deuxième trimestre qui voit traditionnellement la demande mondiale de pétrole baisser peut faire chuter les prix, surtout si la reprise économique annoncée déjà comme graduelle tarde à venir. Pour avoir une idée du manque de respect des quotas, il faut savoir que le plafond de production fixé par l'Opep au mois de décembre 2008 et valable à compter du 1er janvier 2009 est de 24,845 millions de barils par jour. Or, selon le secrétariat de l'Opep qui travaille sur des sources secondaires de l'industrie pétrolière, la production de pétrole brut des pays membres de l'Opep concernés par les quotas a été de 26,811 millions de barils par jour durant le mois de février 2010. Le dépassement du plafond de production est de 1,966 million de barils par jour. Le taux de respect des réductions est à peine de 53% environ. Selon les statistiques de l'OpeP, les pays les plus indisciplinés dans le respect des quotas sont, dans l'ordre, l'Angola avec un surplus de production de 429 000 barils par jour, l'Iran avec un surplus de 392 000 barils par jour, le Venezuela avec un surplus de 360 000 barils par jour et le Nigeria avec un surplus de 286 000 barils par jour.Ces 4 pays étaient déjà cités comme ceux ayant le moins contribué à la réduction de la production, même lorsque le taux de conformité était proche des 80% au début de l'année 2009. Tous les pays membres de l'Opep sans exception sont en dépassement de leurs quotas. Les 7 autres pays non cités dépassent leurs quotas dans une fourchette allant de 41 000 barils par jour pour l'Equateur, jusqu'à une fourchette de 91 000 barils par jour pour la Libye. Le Qatar produit 84 000 barils par jour de plus que son quota, le Koweït et l'Algérie avec un surplus de 78 000 barils par jour chacun, l'Arabie Saoudite avec un surplus de 66 000 barils par jour et les Emirats arabes unis avec un surplus de 62 000 barils par jour. Or, cette question du dépassement revient à chaque conférence de l'Opep sans être prise en charge d'une manière ferme. La remontée des cours du pétrole a amené plusieurs pays à augmenter leur production pour rattraper les pertes de recettes de l'année 2009. La même année (2009), les pertes en recettes ont été de moitié par rapport à l'année 2008. Il sera très difficile au secrétaire général de l'Opep d'être suivi dans ses appels au respect des quotas le 17 mars prochain lors de la conférence à Vienne, surtout que les prix actuels sont supérieurs à 80 dollars le baril.