« Bien qu'il soit vrai que nous n'avons aucun choix devant le nouvel ordre mondial, que gagnerons-nous avec l'Europe à travers l'accord d'association ? » C'est l'interrogation que s'est posée Smaïl Hamdani(*), hier, au siège du Conseil de la nation. Invité pour donner une conférence sous le thème « L'Algérie et la politique de bon voisinage », l'ancien chef de gouvernement et président de l'Association des relations internationales s'est montré subtilement critique envers le cadre général de ce genre d'accord. Il a soulevé notamment la question des capacités de production nationale qui sont aujourd'hui, selon l'intervenant, faibles par rapport au haut degré de compétitivité des entreprises européennes. Ceci même s'il avoue que cela obligera, évidemment, les Algériens à en finir avec l'esprit rentier et de s'imprégner de la notion des plus-values dans les activités économiques. Une occasion aussi pour Smaïl Hamdani de signaler que notre pays a des atouts et des spécificités à faire valoir que les autres n'ont pas. D'ailleurs, il ne manquera pas d'indiquer que la préoccupation actuelle de l'Europe est d'endiguer l'immigration clandestine dont les flux sont de plus en plus importants. Or ce problème, pris dans sa dimension réelle, ne concerne, en fait, que nos deux voisins, le Maroc et la Tunisie. Selon toujours l'ancien chef du gouvernement, l'Algérie est géostratégiquement appelée à jouer un rôle important dans la région de la Méditerranée, du Maghreb et de l'Afrique. D'où son rapprochement avec une organisation comme l'OTAN, et ce, « pour participer, d'une manière ou d'une autre, aux décisions qui seront prises dans le cadre de la sécurité régionale ». Un pas qui consolide la signature de traités d'amitié et de bon voisinage avec un certain nombre de pays, comme l'Espagne ou le Portugal, en attendant celui qui devra être conclu avec la France. Un pays frontalier sur la façade maritime qui s'ajoute aux sept Etats avec qui l'Algérie a des frontières terrestres. Louant la politique algérienne de bon voisinage, Smaïl Hamdani s'est longtemps attardé sur les relations algéro-marocaines. Des relations qui n'arrivent à se hisser, selon l'orateur, au rang des défis et réalités que devra affronter la région du Maghreb. D'ailleurs préfère-t-il parler de solidarité maghrébine, arabe ou africaine au lieu d'unité. (*) Ancien chef de gouvernement