Les journées de formation et de sensibilisation, organisées par l'association nationale Autisme Algérie (ANAA) du 1er au 3 août, ont permis d'évaluer certains des résultats réalisés, notamment en termes de scolarisation. Une quarantaine d'enfants autistes sont actuellement scolarisés dans certains des établissements scolaires de la wilaya. La majorité l'est dans la commune de Béjaïa, les autres le sont à Amizour, El Kseur, Takriets, Seddouk, Tichy… Ils ont été inscrits, parfois au prix de laborieuses démarches, dans des classes ordinaires depuis 2012. L'année scolaire, qui s'est achevée, a consacré un élève autiste, de l'école Larbi Amirouche, à Iheddaden, qui a réussi son examen de 5e. Il est le deuxième enfant autiste à intégrer un collège dans la wilaya. D'autres enfants autistes se sont distingués durant l'année scolaire parmi les autres élèves «typiques», certains ont même été premiers de la classe, comme le jeune El Mahdi à l'école primaire Akrour de Sidi Ahmed. Selon les témoignages de certains parents, la scolarisation de leurs enfants a été un véritable parcours du combattant pour cause du refus de certains directeurs d'école d'accepter d'intégrer un enfant autiste dans une classe ordinaire. Les résistances émanent de directeurs, qui exigent parfois des autorisations de la part de leur tutelle, pour un droit à la scolarisation «consacré pourtant par la Constitution», rappellent les parents. Des responsables d'établissement scolaire se sont montrés particulièrement réticents à recevoir aussi des auxiliaires de vie scolaire (AVS). L'AVS est pourtant indispensable pour beaucoup d'enfants autistes, pour qui il sert d'accompagnateur. Son objectif «est le développement de l'autonomie et des capacités d'apprentissage» de l'enfant atteint d'autisme à qui il apprend «à faire plutôt que de faire à sa place». Malheureusement, la moitié seulement de la quarantaine d'enfants autistes scolarisés dans la wilaya disposent d'AVS. La DAS a cessé, il y a deux ans, d'établir des contrats qui permettaient jusque-là le recrutement d'une dizaine de ces auxiliaires. Avec les efforts de l'association et d'autres parties, on est arrivés à recruter une vingtaine d'AVS. Les dernières journées de formation et de sensibilisation ont été l'occasion de rappeler les missions de l'auxiliaire dont celle se résumant à «contribuer au soutien de l'élève dans la compréhension et dans l'application des consignes en utilisant des supports adaptés». L'AVS est appelé aussi à «faire part à l'enseignant et aux parents de ses observations», ainsi qu'à «encourager et sécuriser l'élève et l'assister pendant les examens».
Inclusion scolaire La revendication de l'inclusion de l'enfant dans le système scolaire est liée étroitement au recrutement de ces auxiliaires. L'inclusion est le mot-clé pour les associations d'autistes activant à Béjaïa, que sont l'Association de prise en charge des enfants autistes (APCEA) et celle d'aide aux enfants autistes (ADEA) de la commune de Béjaïa, El Amel, d'Amizour, et Espérance, d'Akbou. L'approche qu'elles adoptent se refuse à revendiquer des classes spéciales mais à inclure l'enfant dans les classes ordinaires. Pour elles, comme pour tous les parents d'enfants autistes, l'inclusion scolaire est plus qu'un droit pour l'enfant. «Elle est une thérapie en elle-même, puisque son handicap majeur consiste en un déficit d'interaction avec le milieu extérieur et l'incompréhension des règles sociales. L'école fournit ainsi un cadre idéal de stimulation sensorielle et sociale et un premier milieu structuré et réglementé pour l'enfant», explique Fayçal Naït Bouda, président du bureau de wilaya de l'ANAA. L'objectif, au-delà de la scolarisation, est d'arriver à «une intégration sociale progressive» qui s'amorce à partir de l'environnement scolaire. Sa réussite implique l'engagement aussi du personnel pédagogique, aux côtés des parents, pour suivre et évaluer l'enfant «vis-à-vis de ses aspects déficitaires». L'intégration est encouragée lorsque l'enfant autiste est scolarisé dans une école de quartier qui lui permet de maintenir le contact avec ses camarades, voisins du quartier. C'est ce que pensent Fayçal Naït Bouda et d'autres parents qui remarquent toutefois une tendance au changement dans le regard de l'autre vis-à-vis des personnes atteintes d'autisme. Si aujourd'hui le débat est de plus en plus porté sur l'importance de l'AVS, c'est surtout parce que cet auxiliaire fait partie du dispositif thérapeutique de l'enfant autiste, qui, dans son ensemble, contribue à «repousser les limites du handicap». Plus que l'atténuation, des expériences de par le monde autorisent même de croire à la disparition plus ou moins totale des symptômes de l'autisme.