Détermination de la Gendarmerie nationale et acharnement des narcotrafiquants qui se disputent les 1200 km environ de frontières avec le Maroc que les convoyeurs de résine de cannabis veulent transformer en « pont » dans l'acheminement de quantités titanesques de stupéfiants vers le Moyen-Orient et l'Europe via la Libye et le Mali. Béchar. De notre envoyé spécial Que ce soit en matière de terrorisme, de trafic de drogue, d'armes ou de contrebande de cigarettes, l'interconnexion entre ces différentes formes de crime ne se résume plus en des complicités organiques et opérationnelles, mais partagent les mêmes modes opératoires, comme si ces organisations appliquaient les ordres venant d'un commandement unifié. En témoignent les enquêtes menées par les forces de sécurité, dont la récente affaire traitée par la Gendarmerie nationale de Béchar qui a réussi à intercepter, en une seule opération, plus de 8 tonnes de résine de cannabis, l'arrestation et la mise sous mandat de dépôt de 6 personnes, la saisie de 4 Toyota Station à bord desquels ces quantités de stupéfiants étaient transportées, ainsi que des armes de guerre. Le GSPC trouve refuge au nord du Mali où il a établi une base arrière, encouragé par une faiblesse de la part des autorités maliennes à combattre seules les activités de cette organisation terroriste. A partir de cette base-arrière, le GSPC planifie des attentats, des prises d'otage, des achats d'armes destinées à alimenter les maquis de cette organisation terroriste en Algérie et ailleurs. Des sources sécuritaires soulignent que « des recrutements parmi des Maliens et Mauritaniens sont destinés à combler les difficultés de recrutement rencontrées en Algérie ». Les narcotrafiquants marocains semblent avoir suivi le même procédé en recourant, à leur tour, au recrutement de Maliens pour le transport de quantités importantes de résine de cannabis via le Mali et l'Algérie. La dernière saisie où étaient impliqués des ressortissants de ce pays, actuellement mis sous mandat de dépôt, conforte cette thèse. Cette affaire a la particularité d'avoir abouti à des arrestations et ainsi découvrir que deux Maliens faisaient partie des membres de ce convoi. Cette ruse est utilisée par les narcotrafiquants marocains pour éviter des arrestations parmi leurs acolytes, de même nationalité et limiter ainsi les dégâts en cas d'arrestation par les forces de sécurité algériennes. Du côté des narcotrafiquants marocains, l'abondance des cultures de cannabis en territoire marocain – le Maroc produit 1200 t de résine annuellement – ainsi que la déferlante de milliers de candidats de pays africains peuvent constituer des réservoirs en stupéfiants et main-d'œuvre pour continuer à tenter d'utiliser l'Algérie comme pays de transit. Les forces de sécurité algériennes, dont la Gendarmerie nationale, privilégient en guise de réaction la vigilance au niveau des frontières pour mettre en échec les plans des narcotrafiquants. Cette vigilance est illustrée par le renforcement des GGF, en moyens humains et matériels, ainsi que la création de nouveaux postes avancés et le renseignement grâce auquel, justement, cette récente affaire de saisie de drogue confisquée à Béchar a été découverte. Les faits remontent au 27 février dernier, quand les éléments de l'escadron 103 des gardes-frontières de Hassi Khebbi, en embuscade au sud de Hassi Zeghdou, ont ouvert le feu sur un groupe de narcotrafiquants, venant des territoires marocains à bord de quatre véhicules de marque Toyota Station. Mais les chauffeurs ont refusé d'obtempérer aux sommations de s'arrêter. Au même moment, des unités de l'ANP ont été avisées en urgence pour venir en renfort. Un accrochage s'en suivra entre les deux parties, les narcotrafiquants qui étaient au nombre de 9 et les éléments des deux corps de sécurité algériens. Blessés, deux parmi les narcotrafiquants, dont un Malien et un Algérien, seront arrêtés sur le champ, alors que leurs acolytes ont pris la fuite à pied. Au cours des opérations de recherche, quatre autres narcotrafiquants, dont un autre Malien, seront arrêtés le lendemain. Bilan de l'opération : 8124 kg de kif traité, un fusil-mitrailleur, trois kalachnikovs, un appareil GPS, un téléphone satellitaire Thuraya, une paire de jumelles et des munitions seront récupérés. Les convoyeurs marocains de drogue qui activent pour le compte des cartels internationaux, basés au Moyen-Orient et en Europe, venaient de subir ainsi un sérieux coup. Ainsi, le désert algérien semble être la piste la plus privilégiée pour les contrebandiers. D'après nos sources, le redéploiement des contrebandiers du circuit de la drogue s'explique par la fermeture des frontières européennes qui constituaient les premières portes d'entrée de la résine de cannabis en Europe, comme les ports espagnols et français.